Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 315]

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L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

ce dont il ne conférences, dont le conseil lui-même, n'eut connaislaissa pas de se plaindre quelque peu, sance que lorsqu'elles se faisaient déjà depuis trois ans (1.

Berthier occupait avec trop d'autorité la chaire de docimasie pour qu'on eût à se préoccuper de cette partie de l'enseignement. Néanmoins, à partir de 1840, il se fit suppléer par Ebehnen (**), qui lui succédait en 1845 et allait être enlevé, si malheureusement pour la science, six ans après, à peine âgé de 38 ans. Dans cette même année 1840, Le Play (***) succédait à (*) La situation ne fut régularisée, comme on le dira plus tard, qu'en 1848; l'arrêté ministériel du 31 mars 1848 reconnut officiellement l'enseignement de la paléontologie mais en tant seulement que leçons annexes du cours de géologie. Le décret de 1856 avait bien fait de la paléontologie un cours; ce ne fut, en réalité, qu'en 1864 que M. Bayle, qui, en fait, professait depuis 1845, fut nominé professeur titulaire. Ebelmen , né le 10 juillet 1814, est mort le 31 mars 1851, prématurément enlevé aux grandes espérances que les travaux déjà faits par lui permettaient de concevoir. Sauvage les a fait connaître dans la notice nécrologique qu'il lui a consacrée (Annales des mines, 1853, partie administrative). Ebelmen, au mo-

ment de sa mort, était en outre administrateur de Sèvres, place où il avait été nommé en remplacement. de Brongniart.

(*") Le Play, né à la Rivière (Calvados) le 11 avril 1806, est mort à Paris le 5 avril 1882. Nous avons déjà rappelé (p. 5751 la façon

extraordinairement brillante dont Le Play sortit de l'Ecole des mines, en 1829, à la suite de deux années d'études. Après avoir été attaché quelque temps au laboratoire de l'Ecole, il avait été chargé d'organiser et de faire fonctionner le service officiel de la statistique de l'industrie minérale, qui fut en réalité créée par lui; il était en même temps chargé de surveiller la publication des Annales des mines auxquelles, à partir de 1832, il donna une vitalité toute autre que celle qu'avait, depuis 1816, ce re-

cueil, qui avait remplacé à cette date l'antique Journal des mines.

Lorsqu'en 1848 Dufrénoy échangea sa direction effective de l'Ecole contre une direction officielle, Le Play fut nommé aux nouvelles fonctions d'inspecteur. En 1856, après le succès de l'Exposition universelle de 1855, dont il avait été nommé commissaire général en remplacement du général Morin, Le Play quitta le professorat et l'inspection de

NOTICE HISTORIQUE.

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Gnenyveau et commençait, avec l'autorité spéciale due à sa pratique personnelle et à ses voyages, cet enseignement de seize ans, où il devait apporter les idées de systématisation méthodique, d'étendue d'observation et de précision de détails, qui furent les caractéristiques de ce beau talent et qui donnèrent une si juste célébrité à ses leçons. Le Play reprit dans son cours une partie des matières qui lui avaient fait donner, dès l'origine, le nom de

minéralurgie, et que Guenyveau avait abandonnées à partir de 1836. Sous le titre d'arts minéralurgiques divers, Le Play traitait, en effet, avant la refonte des programmes en 1849, des verreries et cristalleries, briques et poteries diverses, chaux et mortiers, soufre, arsenic, acide sulfurique hydraté et fumant, soude artificielle. L'accroissement du nombre d'élèves et l'élévation du niveau général des études n'allaient pas tarder à amener dans l'enseignement et la scolarité, tant pour les élèves ingénieurs que pour les élèves externes, deux modifications importantes et qui toutes deux devaient se montrer singulièrement fécondes.

En effet, le roulement des cours restait toujours de deux ans. Sans doute, dès 1835, plusieurs professeurs, Combes notamment, avaient proposé de répartir en trois années les matières de leur enseignement, en leur donnant plus de développement. Mais ces propositions n'eurent l'Ecole, qu'il abandonna, celui-là au profit de Piot et celle-ci à de Sénarmont, pour aller au Conseil d'Etat. Le Play fut désormais perdu et pour l'Ecole et pour le corps des mines. Aussi, ne le suivrons-nous pas dans sa tâche de conseillerÀd'Etat, d'organisateur des diverses expositions universelles, de sénateur, non plus que dans son rôle d'économiste et de régénérateur social. M. l'inspecteur général des mines Lefébure de Fourcy lui a consacré dans les Annales des mines de 1882 une des notices les plus complètes qui aient été écrites sur cet homme éminent en ce qui concerne sa vie d'ingénieur, de professeur et d'administrateur.