Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 306]

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L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

L'enseignement théorique donné dans les quatre cours, qui duraient du 15 novembre au 15 avril de chaque année, devait être complété par un enseignement pratique, qui resta toujours particulièrement cher à ceux qui, en 1794, suivirent avec tant de persévérance, mais si peu de succès, l'idée des écoles pratiques, que nous allons voir agiter à nouveau, sans plus aboutir d'ailleurs. Cet enseignement pratique devait être donné partie à Paris, à l'École ou autour de l'École, et partie au dehors. A l'École, les élèves étaient exercés alternativement, par le système du roulement en brigades, qui persiste encore, au travail de laboratoire et au dessin, et ils étaient censés devoir se livrer à l'étude des collections, de 8 heures à 9 heures et demie du matin. A la suite des cours, ils visitaient à Paris ou aux environs, avec les professeurs de minéralurgie ou d'exploitation, soit des ateliers minéralurgiques C), soit des exploitations de carrières (**), et ils faisaient des courses géologiques avec le professeur de minéralogie. (*) Bassenfratz, au début, avait même établi à l'École des fourneaux pour le traitement en grand du fer et du plomb ; mais ces leçons pratiques paraissent avoir cessé assez promptement, un peu peut-être à la suite des réclamations du quartier. (**) Tout à fait au début de ce système, les professeurs ne faisaient pas moins de quinze visites de cette nature, et il y avait quatre courses minéralogiques. Les visites industrielles avec les professeurs ont, depuis cette époque, subi des fortunes diverses; tantôt absolument abandonnées, tantôt reprises, mais toujours avec un développement moindre qu'au début. Les visites relatives à l'exploitation, difficiles, il est vrai, autour de Paris, ont notamment cessé depuis longtemps. En ces derniers temps, des visites industrielles avaient eu lieu

librement sous les auspices et par le concours de l'Association des anciens élèves. Les courses géologiques ont persisté et se sont développées par suite de la grande course géologique d'une semaine qui s'est ajoutée aux courses d'un jour dans les environs de Paris.

NOTICE HISTORIQUE.

571.

Entre la première et la deuxième année, le temps disponible était occupé par des travaux au laboratoire, des exercices de lever de plans superficiels et souterrains, que dirigeait et surveillait l'inspecteur Lefroy, par des

exercices de dessin et plus tard par la rédaction des cours suivis dans l'année.

Le conseil ne voyait, dans tous ces exercices, que l'ébauche de l'enseignement pratique qui devait essentiellement s'achever, suivant ses idées persistantes, dans les écoles pratiques et dans les grandes exploitations de

mines, comme le portait l'article 22 de l'ordonnance de 1816; l'article 10 de l'arrêté ministériel du 6 décembre 1816, qui reflétait ces idées, avait stipulé qu'aucun élève du corps ne pouvait être promu au grade d'aspirant sans avoir passé trois campagnes ou séjourné douze mois consécutifs dans une école pratique ou dans un établissement de mines et avoir été reconnu à la suite, par le conseil, avoir l'expérience ou les connaissances pratiques nécessaires. Toutes ces dispositions émanaient, du reste, du conseil qui avait préparé ces actes officiels ; on sait trop l'importance qu'il attachait à ces idées pour ne pas deviner avec quelle persistante continuité il insista auprès de l'administration toutes les fois que la plus petite occasion s'en présentait pour demander qu'on le mît à même de se conformer strictement à ces dispositions; il insistait notamment sur la création des écoles pratiques (*). Il est à (*) Dans une délibération de 1820, le conseil « plein des souvenirs et des heureux résultats de Geislautern et Pesey » demandait instamment : 1° l'octroi d'une concession de mine de houille à

l'École de Saint-Étienne; 2° l'achat d'une usine à fer qui, au

besoin, eût été gérée par les ingénieurs des mines pour le compte du ministère de la marine ; 3° la création d'une école spéciale sur une concession de mine de plomb et de cuivre argentifères.

On reconnaîtra bien là la persistance des idées mises en avant depuis 1794.