Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 283]

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NOTICE HISTORIQUE.

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L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

tion. On y remédia en affectant à l'École, par arrêté consulaire du 27 nivôse an XI (17 janvier 1803), les bâti-

ments du séminaire de Moutiers, transformés à cette époque en manutention militaire. Schreiber, que Lefroy, à titre d'inspecteur sous-directeur, vint aider dans ce travail spécial dès le printemps de 1803, y fit établir un assez vaste laboratoire (*) avec ses dépendances, une bibliothèque, des salles de dessin et d'étude, un cabinet de minéralogie un peu rudimentaire, des logements pour le directeur et quelques ingénieurs. C'est ainsi que fut effectivement établie à Moutiers l'École légalement fixée à Pese-y ; elle fut dorénavant plus généralement désignée sous l'appellation d'École pratique du MontBlanc. Dans cette curieuse expérience poursuivie dans la Tarentaise, de 1802 à 1814, il y a, d'ailleurs, deux choses à distinguer. Le conseil des mines n'avait pas aisément renoncé à son idée d'arrondissements minéralogiques constitués à l'imitation des districts miniers allemands, dans lesquels l'administration devait être chargée directement ou indirectement de l'exploitation des mines et usines ; ces idées étaient de nature à rencontrer plus de crédit que par le passé avec le nouveau gouvernement et une situation financière meilleure (**). Aussi le conseil parvint-il à créer un pareil arrondissement autour de l'École pratique du Mont-Blanc. Un décret du 22 frimaire an XIII (13 décembre 1804) réserva à l'École un district de quelque

450.000 hectares, englobant la Tarentaise et la Maurienne; l'administration de l'École, sous la surveillance (*) Le laboratoire était assez pauvrement installé, surtout au début. Berthier (Journal des mines, t. XXII, 1807, p. 82) ne put pas y achever certaines analyses faute de creusets métalliques. (**) On le voit bien par le décret du 18 novembre 1810 portant réorganisation du corps des mines qui, dans ses articles 75 à 78, prévoit la direction d'établissements pour le compte de l'État par les ingénieurs des mines.

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du conseil des mines et l'autorité du ministre de l'intérieur, pouvait seule, dans ce district, exploiter des mines ou les faire exploiter sous sa surveillance directe (*), sauf réserve des droits déjà constitués sur les mines d'anthracite d'Entrevernes (**). On décida, en outre, l'établissement à Conflans, en face d'Albertville, au confluent de l'Isère et de l'Agly, d'une grande fonderie centrale pour plomb et cuivre, destinée au traitement des minerais provenant des diverses exploitations qui seraient faites par l'administration de l'École. Pour permettre la construc-

tion de cette fonderie, le même décret lui affecta les vastes bâtiments de l'ancienne saline où l'on avait essayé jadis de traiter les eaux de Salins, près Moutiers, à 25 kilomètres de distance. Ces bâtiments s'étendaient, avec 300 mètres de longueur, sur les trois côtés d'une grande cour.

A côté de l'arrondissement minéralogique ainsi créé, véritable entreprise industrielle dont le succès ne laissa pas d'être prospère, l'École vécut d'une vie assez distincte, médiocrement brillante on le verra, mais qui heureusement, par suite des modifications apportées en fait à la constitution primitivement projetée, fut moins dé(*) Le personnel dont disposait Schreiber était insuffisant pour

qu'il ptit faire explorer directement tout le vaste périmètre de l'arrondissement. Aussi, pour inciter les recherches, fit-il adopter, par décision ministérielle du 12 novembre 1811, une organisa-

tion en vertu de laquelle tout individu pouvait faire des re-

cherches et ouvrir une exploitation avec son autorisation, sauf à envoyer le minerai à Confiai-1s. L'administration pouvait toujours reprendre une exploitation ainsi ouverte, à charge pendant dix ans de remettre à celui qui l'avait créée la moitié des bénéfices nets qu'elle produirait. (**) Bien que la mine d'Entrevernes ne tilt pas exploitée directement par l'administration de l'École, celle-ci intervint assez activement pour y faire appliquer des méthodes qui étaient à la fois un modèle pour le pays et un utile enseignement pour les élèves.