Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 268]

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L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

continua avec cette régularité qu'il avait acquise dès l'an VII (1798-1799); la dernière année, en l'an X (18011802), l'ouverture des cours le 17 frimaire (8 décembre 1801) fut également l'objet d'une annonce étendue dans

le Journal des mines (*). Haüy avait repris son enseignement; Vauquelin, qui avait donné sa démission le 4 juin 1801, était remplacé par Collet -Descotils (**), un

de ses meilleurs élèves, qui venait d'être nommé à sa place conservateur des produits chimiques, directeur du laboratoire de l'administration et de l'École des Mines. Les leçons spéciales de mathématiques et de géométrie descriptive pour les élèves étaient devenues inutiles, puisque ceux-ci ne se recrutaient plus qu'a l'ÉCole polytechnique. Cependant, pour la première fois, l'École venait cette année de recevoir deux élèves externes, par une application à l'École des mines de Paris, de la disposition prévue

dans la loi du 30 vendémiaire an IV pour l'École pratique visée par cette loi. Ces deux élèves avaient été envoyés par le préfet de l'Aveyron, qui avait été autorisé par le ministre de l'intérieur à les entretenir aux frais du département. On conçoit la satisfaction avec laquelle les membres du conseil devaient considérer leur uvre et le nombreux per« (*) V. Journal des mines, t. XI, p. 268. (**) Collet-Descotils, auquel on doit la découverte de l'iridium, né en 1773, enlevé à 42 ans, le 6 décembre 1815, avait été reçu élève des mines à la première promotion de 1794 et nommé ingénieur en 1798. Il avait été désigné pour prendre part à l'expé-

dition d'Égypte. C'était l'élève assidu et chéri de Vauquelin. Quand l'École fut transportée à Pesey-Moutiers, Collet-Descotils

resta à Paris comme directeur du laboratoire du conseil ou de l'administration des mines. Lorsque les élèves eurent été chassés de la Savoie, avant que l'École ne fût établie à l'hôtel Vendôme, Collet-Descotils, au commencement de 1815, fut nominé directeur provisoire de l'École royale des mines, alors placée au Petit-Luxembourg.

NOTICE HISTORIQUE.

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sonnel groupé autour d'eux dans leur maison de la rue de l'Université. L'École polytechnique avait successivement envoyé : 5 élèves en 1797-1798 (dont Gallois, qui a laissé une si grande notoriété à Saint-Étienne); 4 en 1799 (dont Héron de Villefosse, le futur auteur de La Richesse minérale); 8 en 1800 (dont de Bonnard, qui a été membre de l'Académie des sciences); 4 en 1801 (dont Berthier, que nous allons incessamment voir à l'ceuvre , et Migneron, que ses belles études administratives ont justement signalé). L'arrivée des premiers élèves externes montrait

en même temps que l'enseignement donné dans cette École, qui était bien l'ceuvre exclusive de nos trois conseillers, commençait à être connu et apprécié. Elle méritait de l'être, en effet. On est frappé de voir, à quelques années seulement de distance, la différence profonde que cet enseignement élevé présentait avec les connaissances si rudimentaires données à l'École de Sage. Dans ce court espace de temps, les sciences venaient, il

est vrai, de franchir un pas immense, et le haut enseignement venait de prendre un puissant essor sous l'influence de la création de l'École polytechnique. Haüy, avec ses immortelles conceptions dont l'École des mines eut la primeur comme enseignement (*), ve(*) L'abbé Haüy, né le 28 février 1743, mort à 79 ans, le 3 juin 1822, était le frère aîné de Valentin Haüy. Il était modeste régent au collège du Cardinal-Lemoine, sous le. bon Lhomond, lorsqu'il

commença à s'occuper de recherches cristallographiques. Ses premières communications à l'Académie des sciences, au début de 1781, passèrent inaperçues ; mais ses travaux ne tardèrent pas à frapper les savants chimistes de l'époque, à ce point qu'en février

1783 l'Académie des sciences lui ouvrait ses portes. Toutefois, ses>. conceptions ne sortirent pas d'un cercle assez restreint jusqu a ce que les agents des mines l'appelassent à professer dans leur maison d'instruction en lui fournissant les moyens d'achever ses découvertes et de les propager. Privé par la Révolution de sa pension et du petit bénéfice qui lui permettaient de vivre, il fut incarcéré après le 10 août 1792. De puissantes amitiés le firent