Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 261]

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L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

NOTICE HISTORIQUE.

fructidor an II (2 septembre 1794), du 20 au 30 fructidor (6-26 septembre). Les connaissances exigées étaient : 1° les éléments de

géométrie jusque et y compris les sections coniques ; 2° les éléments de statique ; 30 l'art des projections, le levé et le dessin des plans ; 40 des notions de physique générale et de chimie. L'arrêté rappelait cette règle, appliquée également aux examens de l'École polytechnique, que l'examinateur devait s'attacher moins à reconnaître les connaissances actuelles du candidat qu'à s'assurer de son intelligence. On voit, en tout cas, combien ce programme de culture scientifique générale différait du programme d'enseignement spécial sur lequel, d'après l'arrêté du 18 messidor précédent, auraient dû être interrogés les aspirants aux places d'élèves. L'Ecole, suivant un plan différent de celui de cet arrêté, mais plus rationnel, allait, en effet, fonctionner pour eux. ce premier concours de septembre 1794 deux élèves seulement furent admis : Brochant de Villiers (*) et Trémery. Mais, ainsi du reste que l'arrêté de convocation (*) Brochant de Villiers, né le 6 août 1772, mort le 16 mai

1810, était allé en Allemagne, en 1791-1792, entendre Werner à Freyberg avec l'intention d'entrer ensuite à l'Ecole des mines de Sage qu'il trouva dispersée à son retour en France. En novembre 1793, il fut admis à l'Ecole des ponts et chaussées qui était la seule école spéciale restée debout dans la tourmente révolu-

tionnaire. Reçu l'année suivante au premier concours pour

l'Ecole polytechnique, il fut du nombre de ces brigadiers auxquels Monge devait faire donner un entraînement spécial pour servir de moniteurs à leurs camarades de l'Ecole polytechnique.

Son goût déjà ancien pour la minéralogie lui

fit préférer

l'Ecole des mines dès sa constitution en 1794. Au reste, il commença là aussi, à son arrivée à l'Ecole, ces fonctions de moniteur, pour prendre ensuite, dès la translation de l'Ecole des mines

à Pesey, la chaire de minéralogie et géologie qu'il ne devait quitter officiellement que trente-trois ans après, en 1835, par une démission qu'il donna pour permettre de scinder son cours en deux cours distincts de minéralogie et de géologie, et d'en charger respectivement, comme professeurs titulaires, ses deux

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l'avait déjà indiqué, des examens successifs eurent lieu chaque mois jusqu'à la fin de l'hiver, de façon à compléter le nombre réglementaire d'élèves (*). Les trois dignes membres de l'agence crurent, en effet, devoir ouvrir largement les portes de la maison qu'ils administraient de façon à en faire un lieu de refuge et d'abri

pour beaucoup à qui la vie matérielle devenait sin-

gulièrement difficile au milieu de la tourmente. Ils eurent ainsi l'honneur, en les faisant admettre dans le corps des mines, d'abriter des savants tels que Vauquelin, Bobomieu, Faujas de Saint-Fond, Picot de La Peyrouse. En donnant à l'École une organisation plus complète que celle primitivement prévue, ils purent faire une place à Haüy, Tonnelier, Mocquart, Coquebert de Montbret, Silvestre, Beurard, Clouet. Ceux qui, plus jeunes, voulaient s'instruire, trouvaient à titre d'élèves, dans l'hospitalière maison de

la rue de l'Université, comme les savants qui devaient les former, non seulement une protection que leur assurait le crédit des membres de l'agence auprès du tout

puissant Comité de Salut public, mais encore des facilités d'existence matérielle qui n'étaient pas à dédaigner dans de pareils temps (**).

Ainsi s'explique, tout à l'honneur des membres de l'agence, le développement du personnel groupé autour d'eux (***). Ils se montraient pour lui, et surtout pour les collaborateurs de la carte géologique Dufrénoy et Elie de Beaumont.

En 1816, Brochant de Villiers avait succédé à l'Académie des sciences à Guillot-Duhamel père. (*) Le classique Répertoire de l'Ecole polytechnique, dû à Marielle, donne, p. 253, la liste de ces quarante ou, d'après ce répertoire, de ces trente-neuf élèves. (C) Un arrêté du Directoire exécutif du 15 mai 1796 (26 flo-

réal an IV) assurait aux inspecteurs, ingénieurs et élèves des

rations de vivres, de bois, un habit complet, une paire de bottes et une paire de souliers. (***) De Bonnard (Annales des mines, 4' série, 1. VII, p. 513) Tome XV, 1889.

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