Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 262]

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L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

NOTICE HISTORIQUE.

jeunes gens, pour les élèves, pleins d'une sollicitude vraiment paternelle. Lelièvre et Gillet de Laumont rivalisaient particulièrement de soins et d'attentions pour eux. Il semble que, par un sentiment bien digne d'âmes aussi élevées, leur protection se faisait d'autant plus effective que ceux sur qui elle s'étendait en avaient un plus grand besoin. Ainsi furent logés dans la maison même de. l'agence Haüy, Tonnelier et Clouet, qui étaient tous trois dans les ordres : Haüy, comme conservateur des collections; Tonnelier, comme garde du cabinet de minéralogie ; Clouet, comme bibliothécaire. Les membres de l'agence n'auraient-ils contribué qu'à éviter à Haüy le triste sort

dont Monge, Fourcroy et Hassenfratz ne surent pas préserver Lavoisier, cela suffirait pour qu'on honorât leur mémoire. Il n'est pas jusqu'au nom officiel donné par eux à leur institution : Maison d'instruction de l'agence des mines, qui ne reflète la modestie et le grand coeur de ses fondateurs. L'ouverture des cours fut annoncée pour le 1" frimaire

'an III (21 novembre 1794); l'agence faisait connaître qu'il serait fait deux fois par décade pour chaque cours des leçons publiques et gratuites : de docimasie, par Vauquelin (*); de minéralogie et de géographie physique,

par Hassenfratz, les leçons de cristallographie de ce rapporte que ce fut à dessein que les membres de l'agence fixèafin rent au chiffre exorbitant de quarante le nombre des élèves de pouvoir abriter plus de monde. quatre Monnet (ms : Essai historique sur les mines) porte à qui dépendaient des personnes cent cinquante le nombre totaltrouvaient donc réunies dans la de l'agence et qui, l'hiver, se croire à quelque forte exagération. maison d'instruction. Il faut (") Vauquelin (né en 1763, mort en 1829), était l'élève, le disciple et l'ami de Fourcroy, etron a prétendu que bien des travaux attribués à celui-ci étaient dus à celui-là. On peut dire que Vaude la quelin a créé en France l'enseignement de la docimasie ou l'École

chimie analytique minérale dans le cours par lui professé à pour des mines de 4794 à 1801. Vauquelin quitta l'École des mines

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cours devant être faites par Haüy; d'extraction des mines, par Guillot- Duhamel père, et, en son absence, par Laverrière ; de métallurgie, par Schreiber (*), et, en son absence, par Giroud, Miché et Muthnon. Les cours devaient avoir _lieu à 11 heures du matin la docimasie, les primidi et sextidi; la minéralogie, les décadi et septidi; l'exploitation, les tridi et octodi ; la métallurgie, les quartidi et nonodi. Indépendamment des quatre cours relatifs à l'enseignement spécial, officiellement prévus dans l'arrêté d'organisation, l'agence annonça qu'il serait fait des leçons aller enseigner au Collège de France, puis, à la mort de Fourcroy, en 1809, à l'École de médecine; il ne garda pas d'attaches avec le corps et l'École des mines; mais il avait formé des élèves qui devaient continuer son enseignement en l'élevant et l'étendant encore. On doit notamment à Vauquelin la découverte de la glucine et. du chrome. Il était de l'Académie des sciences. Son éloge historique a été prononcé par Cuvier (Mémoires l'Académie des sciences, t. XII). (*) Schreiber, né en Saxe le 5 août 1746, est mort à Grenoble, ins-

pecteur divisionnaire des mines, le 10 mai 1827; élève de l'Ecole de Freiberg, il était occupé dans les mines d'Allemagne, lorsqu'il fut choisi, à la demande de Monsieur, comte de Provence (depuis. LouisXVIII), pour venir prendre, en septembre 1777, la direction des mines d.'Allemont (Dauphiné), concédées en 1776 à Monsieur. Schreiber s'acquitta de cette tache avec succès pour

le compte de Monsieur jusqu'en 4792, puis continua pour le compte du Domaine jusqu'en 1802, date à laquelle il prit la di-rection des mines et de l'École de Pesey-Moutiers, à l'occasion desquelles nous aurons à reparler de lui. En 1784, il avait reçu le brevet d'inspecteur honoraire des mines, et en 1794 il avait été placé sur la première liste des inspecteurs. Après la dispersion de l'École française de Pesey, la Savoie

fit à Schreiber des offres magnifiques pour continuer à diriger

ces institutions à son compte; mais Schreiber était devenu français de coeur; il les refusa et se retira à Grenoble, où radministration, par une mesure d'exception en sa faveur, lui permit de résider, encore que ce ne fut pas le chef-lieu de la division dont il était l'inspecteur. Il mourut, entouré de l'estime générale-