Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 251]

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L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

il n'est pas jusqu'à la clause de faveur concernant les fils de directeurs dont on ne retrouve la trace dans une clause de portée analogue, que nous aurons à signaler plus tard, et qui a subsisté officiellement jusqu'en 1883.

L'arrêt rendu, il s'agissait de l'appliquer. Sage, qui avait été nommé directeur de l'École, devait être l'un des deux professeurs ; Guillot-Duhamel père, l'autre. Sage paraît avoir rencontré tout d'abord quelques difficultés

pour installer son école. Heureusement pour lui, à la fin de 1783, de Calonne était aux finances, et, comme la dépense ne lui répugnait pas, il obtint du roi une subvention grâce à laquelle Sage fit faire à l'hôtel des Monnaies, non sans un luxe qui lui fut vivement reproché par Lebrun dans ses rapports à l'Assemblée constituante (*), les installations nécessaires pour établir un laboratoire et sur-

tout pour disposer, sur les plans d'Antoine, qui venait de reconstruire l'hôtel des Monnaies, les collections soidisant destinées à l'enseignement de l'École. Ces collections, qui constituaient le Cabinet de l'École des mines et subsistèrent à l'hôtel des Monnaies jusqu'en 1824, étaient formées par le propre cabinet de Sage, que celuici avait cédé au roi, moyennant une rente viagère de 5.000 livres (**). (*) Sage rapporte dans deux de ses brochures (Notice biographique, Origine de la création de l'École royale des mines) que la dépense de 40.000 francs aurait été soldée par un don à lui personnellement fait par Louis XVI pour avoir retiré 440.000 francs de vieilles dorures dont on n'avait offert au roi que 20.000 écus. Monnet, dans son manuscrit, dit que la subvention aurait été de 50.000 écus. Lebrun, dans son rapport à l'Assemblée constituante

du 29 janvier 1790, a fixé la décoration du cabinet de Sage à 162.000 livres, sur lesquelles 36.000 livres étaient encore dues à cette date. (*") Cette rente, à raison de son origine, fut confirmée par la

loi du 1" mai 1791, relative à la liquidation des gages arriérés (V. Lamé Fleury, Législ. minér. sous l'ancienne monarchie, p. 196, note 2). Sage a fait imprimer et a publié la Description méthodique du

NOTICE HISTORIQUE.

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Sage (*) enseignait la minéralogie et la chimie docimasique ou métallurgique ; Guillot -Duhamel l'exploita-

tion des mines et la géométrie souterraine ; en outre, il était démonstrateur, suivant l'expression de l'époque,

des machines et appareils utilisés dans les mines et usines (**), c'est-à-dire que Guillot-Duhamel, comme il l'indique lui-même dans ses manuscrits, enseignait l'art

du mineur et du métallurgiste. C'étaient là les deux professeurs prévus à l'arrêt organique de 1783. Mais, dès que l'École commmenca à fonctionner, on leur adjoignit un professeur de dessin et tracé de plans et un professeur de mathématiques. On donnait, en outre, aux élèves des leçons de physique et de langues étrangères.

L'établissement où les élèves devaient être plus spécialement envoyés, pour l'étude de la pratique, était celui de Poullaouen, dont le directeur Brottemann était considéré comme le professeur de pratique de l'École, et recevait de ce chef 2.400 livres d'appointements. Ce que devait être l'enseignement de Sage, on en peut juger par ses publications diverses et notamment par son ouvrage : Analyse chimique et concordance des trois règnes (Paris, 1186, 3 vol. in-8°), qu'il nous dit être la reproduction de son cours. En minéralogie on n'y trouve qu'une énumération de minéraux ou de roches, distincabinet de l'École des mines (1784, 1 vol. in-8°), avec un supplément en 1787, qui a été considérée ultérieurement comme constituant l'inventaire des collections cédées au roi contre pension. Sage, en effet, continua par la suite à augmenter les collections de la Monnaie, mais plutôt d'objets d'ornement que d'échantillons ayant une valeur scientifique. (*) Sage touchait comme professeur 5.000 livres, en outre de son traitement de 6.000 livres comme commissaire pour l'essai des métaux et minéraux, et de la pension viagère de 5.000 livres pour la cession de son cabinet, au total 16.000 livres au compte du département des mines.

(**) Duhamel avait fait établir, sur ses dessins, des modèles d'appareils, qui figuraient dans les collections de l'École.