Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 241]

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L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

NOTICE HISTORIQUE.

les travaux n'y prirent un développement appréciable qu'au milieu du siècle suivant.

sous l'autorité du contrôleur général des finances de Seychelles, le détail des ponts et chaussées (*) et l'administration des mines (**). Trudaine venait de fonder l'École des ponts et chaussées, établie àParis suivant arrêt du conseil

Aussi faut-il arriver à cette époque pour trouver quelque préoccupation, de la part de l'administration, de

faciliter et de développer l'exploitation des mines en même temps que de la régulariser. A mesure, en effet, que les exploitations s'étendaient et s'approfondissaient sans aucune règle, les inconvénients s'accroissaient pour tous. De nombreuses réclamations avaient été adressées au roi pour lui signaler ces désordres. L'administration des finances, à laquelle les mines se trouvaient naturellement rattachées à raison des droits perçus-sur les exploitations ou leurs produits, ne put songer à porter utilement ses vues de ce côté que lorsque la charge de grand-maître des mines et minières de France put être abolie après remboursement de l'office, confor-

mément à l'arrêt du conseil du 28 octobre 1740, à la maison de Condé, qui en était titulaire. A ce moment, du reste , les sciences avaient déjà fait d'assez notables progrès

pour qu'on pût entrevoir que la recherche, l'exploitation et le traitement des minerais ne pouvaient prospérer si on n'avisait pas aux moyens de donner une instruction

spéciale à ceux appelés à diriger ces entreprises. On sentait, au moins confusément, qu'il ne suffisait plus d'ap-

prendre par la pratique les procédés d'un métier ; on comprenait que le métier avait déjà fait place à l'art, sans qu'on pût encore être convaincu, ce qui ne devait arriver que plus tard, que l'art ne pouvait être fécond qu'éclairé par la science. Trudaine père (*), comme intendant des finances chargé

des recettes générales , avait dans son département, (*) Daniel Trudaine (1703-1769), fils de Charles Trudaine, qui fut prévôt des marchands de Paris de 1716 à 1720, fut appelé de l'intendance d'Auvergne à une intendance de finances en 1739;

il garda ces fonctions jusqu'à sa mort; il fut remplacé par son

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du 14 février 1747, qui, sous l'habile direction de Perronet allait prendre si rapidement une considérable importance et un fructueux développement. On ne pouvait, à ce moment, songer à créer une école des mines sur un plan analogue ; en l'état de l'industrie minérale de la France,,le nombre des élèves eût été insuffisant à raison surtout de l'imprévoyance des exploitants ; il eût été encore plus difficile de trouver des professeurs. Trudaine père, conseillé par Hellot, essayeur en chef à la Monnaie (***), se borna à faire offrir aux directeurs et entrepreneurs des mines l'entrée de l'École des ponts et

chaussées pour les jeunes gens qu'ils croiraient devoir recommander (****). Trudaine père entendait compléter leur fils Trudaine de Montigny (1733-1777), qui était associé à son père et collaborait avec lui depuis 1757. M. Ernest Choullier a donné des renseignements biographiques très complets sur les Trudaine dans une brochure sous ce titre (Arcis-sur-Aube, Léon Frémont, 1887.) (*) Ce service absolument nouveau lui avait été confié en 1743

par le contrôleur général Orry. (**) C'est à l'administration de Trudaine père que nous devons

les actes, remarquables pour l'époque, rendus en matière de mines, et notamment l'arrêt du Conseil du 14 janvier 1744, qui reprit l'imprudente concession, faite, en 1698, par Louis XIV, aux propriétaires du sol, du droit d'exploiter les mines de houille dans leurs fonds; cet arrêt donna sur la conduite des travaux de ces mines les premières clauses générales de police minérale. (***) Hellot a publié, par traduction de l'ouvrage allemand de Schliitter, sous ce titre : De la fonte des mines et des fonderies, 1750, 2 vol. in-40, un des premiers ouvrages de métallurgie parus en France sous l'impulsion des nouvelles idées. Il a également publié un État des mines du Royaume (in-4°, Paris, 1764). ("***) Ces mesures furent rappelées, en 1781, par Chaumont de la

Millière qui, à cette date, était exclusivement intendant des ponts et chaussées, par suite de la séparation de ce service de celui des intendants de finances supprimés par Necker.