Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 206]

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370 EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE DE LOCOMOBILE

qu'il a subi, les guides des soupapes et leurs leviers ont été faussés ; on n'a donc pas retrouvé de cales, et il

faut d'autant moins s'en étonner que c'est seulement deux mois après la catastrophe qu'on a découvert dans un champ la pièce en question. Ajoutons enfin que la surpression est accusée par le fait que les tôles se sont déchirées très régulièrement suivant les rivures circulaires, qui étaient des lignes de moindre résistance. Toutes ces raisons, jointes à l'intensité des effets produits et à l'impossibilité d'expliquer l'accident d'une autre manière, déterminent M. de Crrossouvre à l'attribuer à un excès de pression. Il fait observer enfin que Lamoureux et Désiré n'avaient

ni l'un ni l'autre l'expérience des appareils à vapeur. C'était, en effet, la première année que Lamoureux s'occu-

pait du battage des grains, et Désiré, qui était de son état maréchal-ferrant, n'avait jamais auparavant conduit une machine. Avis de l'ingénieur en chef.

M. l'ingénieur en chef

Grand trouve également dans l'intensité des effets de l'explosion une preuve qu'elle a eu lieu sous l'influence d'une pression considérable. Les expériences faites montrent que le temps pendant lequel la chaudière a été en feu sans dépense de vapeur, deux heures environ, était

largement suffisant pour que la tension ait atteint une vingtaine de kilogrammes par centimètre carré. La pression limite de 6 kilogrammes devait d'ailleurs avoir été obtenue depuis longtemps, car les soupapes soufflaient déjà une demi-heure au moins avant l'accident, et l'enquête a démontré que, quelques jours auparavant, elles étaient bien réglées et commençaient à se soulever dès que le manomètre marquait la pression indiquée par le timbre.

A CIRON (INDRE).

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Dans ces conditions, et malgré les dépositions de quelques témoins, M. Grand-conclut que les soupapes étaient calées, ce qui a permis d'atteindre la pression exagérée qui a été la cause de l'explosion. Avis et conclusions du rapporteur. Le rapporteur a été ,d'avis, comme les ingénieurs locaux, que l'accident doit être attribué à un excès de pression> et par suite à l'imprudence et à l'inexpérience du mécanicien Désiré et du patron Lamoureux qui ont poussé le feu outre mesure, après avoir culé les soupapes, le manomètre étant d'ailleurs hOrs d'état de fonctionner. En conséquence, il a soumis à l'approbation de la commission centrale des machines à vapeur l'avis suivant « L'explosion de chaudière locomobile qui s'est produite, le 10 septembre 1888, à Ciron (Indre), est due à un excès de pression. Ce fait est imputable à l'imprudence et à l'inexpérience du chauffeur Désiré et de l'entrepreneur de battage Lamoureux, qui ont été tués. « Le manomètre étant faussé et les deux soupapes de sûreté ayant été calées, la pression, sous l'influence d'un feu trop prolongé sans dépense de vapeur, s'est élevée bien au delà de la limite fixée par le timbre, et a fini par amener la rupture de la chaudière. »

En adoptant cet avis, la Commission centrale a été particulièrement frappée de -l'intérêt que présente la forme des cassures de l'appareil, qui concorde de la manière la plus complète avec l'explication ci-dessus. Elle a demandé, en conséquence, l'insertion de la présente note dans les Annales des mines et dans les Annales des ponts et chaussées. Cette insertion aura, en outre, l'avantage d'appeler l'attention, une fois de plus, sur les dangers qui résultent de la conduite des locomobiles servant à l'agriculture par des ouvriers inexpérimentés.