Annales des Mines (1888, série 8, volume 14) [Image 287]

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EXPLOSION DE DEUX CIIAUDIhRES A VAPEUR

A COMINES (NORD).

ment un choc allant de la chaudière n° 1 à la chaudière

a-t-il suffi pour occasionner l'accident à la pression normale? M. Soubeiran ne l'a pas pensé. Il a été d'avis que ses soupapes avaient été calées et que la catastrophe a été

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n° 9. Si l'on admet que ce choc a bien été la cause de l'explosion de cette dernière chaudière, on s'explique facilement

les conséquences qui en sont résultées. Le bouilleur de gauche ayant été rompu vers son milieu dans une clouure transversale, ses deux tronçons, devenus libres, en ont sollicité violemment les communications, l'une vers

l'avant, l'autre vers l'arrière, les ont arrachées du corps principal, et sont partis droit devant eux. Par suite des larges ouvertures faites au corps principal par l'arrachement des communications, il s'est produit du côté opposé,

c'est-à-dire vers la droite et vers le haut, une réaction suffisante pour enlever ce générateur et le projeter dans le jardin Caris simo.

Quant au générateur n° 1, qui a sauté le premier, il parait certain qu'il s'est ouvert au trou d'homme, le long de la génératrice supérieure, c'est-à-dire dans la région où ses tôles étaient à la fois amincies et affaiblies par denom-

breux trous. On remarque, en effet, que son corps principal a été affecté de longues déchirures orientées à peu près suivant des génératrices (Pl. XII); en outre, le rabattement violent des tôles de ce corps principal est accusé par l'impression très nette de ses rivures sur les tôles des bouilleurs, et inversement ; enfin, sous l'influence de la

réaction de haut en bas due à l'ouverture de la chaudière à sa partie supérieure, les bouilleurs ont été brisés

et comprimés vers le sol; leurs supports ont pénétré dans les tôles, où ils ont enlevé, comme à l'emporte-pièce, les parties en contact avec eux, et ceux de leurs tronçons

qui étaient restés à peu près intacts ont été aplatis dans le sens vertical. Le générateur n° 1 était vieux et fatigué ; son état, aggravé par l'amincissement de ses tôles et par l'existence de nombreux trous au voisinage du trou d'homme,

la conséquence de la surpression ainsi produite. A cet égard, il a fait remarquer qu'au dire même du directeur de l'établissement, on marchait habituellement à 4kg,5 or, les soupapes de la chaudière n° 1 étaient réglées pour la pression de 31a,5 seulement ; il fallait donc qu'elles fussent surchargées ou calées. L'enquête ayant révélé qu'elles ne portaient pas de poids additionnels, on est amené naturellement à conclure qu'elles étaient calées. Cette hypothèse est d'autant plus vraisemblable que leur construction étant peu soignée, elles devaient mal tenir la vapeur, ce qui était un grave inconvénient, eu égard au séchoir qui existait au-dessus d'elles. Enfin, M. Soubeiran a découvert, dans le voisinage des débris de l'une d'elles, un morceau de fer rectangulaire de 27 centimètres de long, 6 centimètres de large et 11 à 12 millimètres d'épaisseur, dont une des extrémités avait été amincie et réduite à 51',5 d'épaisseur. En reconstituant la soupape et en chassant ce morceau de fer dans le guide du levier, on obtenait un calage complet. Y a-t-il là une simple coïn-

cidence? Les circonstances relatées ci-dessus donnent lieu de croire au contraire que cette cale avait servi à paralyser la soupape auprès de laquelle on l'a retrouvée. Il convient d'ajouter que, dans les conditions ordinaires, le calage des soupapes du générateur n° 1 devait paraître peu dangereux, car cet appareil était en communication normale avec le générateur n° 2 dont les soupapes étaient en bon état de fonctionnement. Mais il n'en était pas ainsi le jour de l'accident; les robinets du

tuyau réunissant les deux chaudières ont été trouvés l'un partiellement ouvert, l'autre complètement fermé ; nous avons déjà dit qu'on avait nettoyé la veille la chaudière n° 2, et, pour ce faire, on l'avait isolée de la chau-