Annales des Mines (1888, série 8, volume 13) [Image 306]

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Où ils pensaient trouver des turquoises, exactement d'ailleurs comme ils font aujourd'hui. Le résultat fut que les piliers de soutien et le roc qui se trouvait entre les différents puits furent déchiquetés en tous sens, si bien que le toit de la mine tomba et la combla. On a fait plusieurs tentatives pour la décombler; mais, jusqu'à présent, personne n'a eu ni la volonté de fournir les fonds nécessaires, ni la patience d'attendre l'achèvement des travaux. Les turquoises de la Dèrè-i-Séfid sont bonnes, mais inférieures à celles d'Abd-our-Rezagi. La vallée voisine et la Dère-i-Dèr-i-Kouh, avec les importantes

mines de Kerbelaï-Kérim et de Der-i-Kouli. Celte dernière est profonde ; elle s'enfonce à environ 150 pieds. Elle est fort

ancienne et très étendue; certaines de ses galeries arrivent jusqu'à la mine de Zaki. Elle est très dangereuse par suite des déblais qu'elle contient; ces déblais sont mal retenus par des pierres et un boisage imparfait, à tel point que des laboureurs, entraînés par des éboulements, y ont été ensevelis. Toutes les mines de la vallée Dèr-i-Kouh sont exploitées et contiennent de bonnes turquoises. C'est là surtout que la nature filonienne de la turquoise se manifeste trimé façon caractérisée; cela permet d'obtenir des morceaux plats de grande dimension, d'autant plus précieux qu'ils sont alors plus difficiles à imiter. Plus à l'ouest est la Dèrè-i-Siâh (vallée noire), avec les anciennes

mines d'Ali Mirzaï et de Reïch; les turquoises n'en sont pas très bonnes, et leurs couleurs ternissent rapidement. il y a deux ans, dans la même vallée, au-dessus de la mine de Reïch, on découvrit une mine de turquoises; une nouvelle mine fut ouverte, qui prit le nom de Sèr-i-Reïch (la tète de Reïch). On y trouva de belles turquoises, de grandes dimensions, mais la couleur ternit rapidement; et les pierres devinrent d'un gris sale avec des taches

blanches et grises. Aussi longtemps qu'elles sont conservées humides, elles gardent leurs couleurs; sitôt qu'elles sèchent, celles-ci disparaissent. Ainsi, en 1882, on trouva une belle turquoise, aussi grosse qu'une noix. Contre l'avis du général Schindler, elle fut présentée à S. M. le Schah; deux jours après, elle devenait verdâtre et perdait tout son prix. Tietze rapporte que, quand on a une bague avec une turquoise

de ce genre, il suffit parfois de la porter pendant un certain temps avec la pierre tournée à f intérieur de la main, pour que l'humidité de celle-ci lui rende sa couleur primitive. La vallée suivante est la Dèrè-i-Sabz (vallée verte); elle contient les anciennes mines d'Ardelani et de Sabz, avec la nouvelle mine

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d'Eudjir. L'Ardelani fut autrefois très vaste, et l'on peut voir encore plus de douze anciens puits, comblés aujourd'hui; c'est une mine fort mal aérée; plusieurs de ses galeries contiennent des gaz irrespirables, appelés Tchèrag-Kouch, c'est-à-dire « qui éteignent les lumières ». La mine de Sabz renfermait, comme son nom l'indique, des turquoises vertes; elle est aujourd'hui comblée. La mine nouvelle d'Emljir (eudjir, figue) a donné, durant ces dernières années, une grande quantité de pierres d'une belle couleur et d'un prix élevé; mais, de même que plus haut, elles se sont ternies très vite, et aujourd'hui leurs possesseurs sont loin d'être satisfaits de leurs achats. Il est probable que la grande baisse qui s'est produite dans le prix des turquoises sur les marchés d'Europe est surtout due aux pierres extraites de cette mine et de Ser-i-Reïcli. Ces pierres sont envoyées en Europe, enfermées dans des pots qui conservent leur humidité; on les vend ainsi, et une fois qu'elles commencent à sécher, elles perdent leurs couleurs; au bout d'un an ou deux, elles sont tout à fait blanches. Les joailliers européens n'y ont plus confiance maintenant, et les achètent à un prix très minime.

Enfin la vallée voisine, la plus occidentale, est celle qui possède la mine de Kémeri; cette mine est aujourd'hui remplie d'eau, et tous les efforts qu'on a faits pour l'assécher ont échoué; elle possède quelques veines épaisses de turquoises, mais elles ne sont guère utilisées que pour faire des amulettes et des cachets. On travaille dans ces mines avec des pics, des pinces et de la poudre à canon; l'usage de la poudre ne date que de ces trente dernières années. Autrefois, on n'y employait que le pic, et cela valait bien mieux, car si la poudre fait une plus forte et plus rapide besogne, elle a l'inconvénient d'émietter les turquoises. Ce sont des gisements qui se trouvent dans Mines Khogi. s'étendant un sol d'alluvions, consistant en débris de rochers, et jusqu'à deux ou trois kilomètres depuis la base de la montagne dans la plaine. C'est là qu'on trouve maintenant les meilleures turquoises. ' Le travail consiste à creuser, sans aucun système particulier. La terre extraite est portée à la surface et tamisée ; cette dernière opération est; en général, faite par des enfants. On a offert au Schah une belle turquoise, estimée 50.000 francs, qui avait été trouvée dans les Kliagi. Environ 200 habitants du village travaillent tant dans les mines mines; le que dans les Khagi. Sur ces 200, 130 sont occupés aux n'en revient jamais les travail y est pénible, mais sûr, et on travail est relativement facile, mains vides. Dans les Khagi, le