Annales des Mines (1888, série 8, volume 13) [Image 283]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR L. E. GRUNER.

NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR L. E. GRUNER.

avait pas moins une grande autorité dans cette matière, et ses avis étaient fort appréciés des exploitants. Au point de vue administratif, ses connaissances n'étaient pas moins étendues, comme il eut l'occasion de le montrer en présidant avec distinction pendant sept an-nées les séances du Conseil général des Mines. Il avait eu même l'occasion de s'occuper de sujets ne touchant que bien indirectement à l'art de l'ingénieur; il a publié, par exemple, en 1851, dans le Bulletin de la Société d'Agriculture de Poitiers, un rapport sur l'emploi du sel en

que se réalisent les grandes améliorations industrielles. Mais il y avait quelque difficulté à triompher des préjugés et:des habitudes mystérieuses qui ont trop longtemps régné en métallurgie ; l'autorité de Gruner y a

-à24

agriculture. Enfin certaines missions spéciales furent pour

lui l'occasion de montrer avec quelle supériorité il traitait toutes les questions ; c'est ainsi qu'après l'Exposition de 1873, à Vienne, où il avait été membre du jury, il publia un remarquable rapport qui a été inséré dans le Bulletin de la Société de l'Industrie minérale (20 série, t. V). La création de cette société elle-même avait été une des oeuvres importantes de Gruner. En 1855, alors qu'il était directeur de l'École des Mines de Saint-Étienne, il avait eu l'idée de grouper les industriels et les ingénieurs s'occupant de l'art des mines et de la métallurgie ; l'autorité scientifique et morale qu'il avait si justement acquise lui avait permis d'y réussir. Il fut président de la Société de l'Industrie minérale depuis l'origine de cette société jusqu'en 1858, époque à laquelle il quitta SaintÉtienne; il en resta président honoraire jusqu'à sa mort, et dirigea les Congrès de 1875, 1876 et 1878. Il eut la satisfaction de voir son oeuvre prendre une importance croissante, et remplir d'une manière de plus en

plus complète ce programme, qu'il lui traçait à l'origine : développer l'émulation et le progrès parmi les industriels en multipliant entre eux les occasions de con-

tact. L'idée était juste et féconde; les efforts isolés ne donnent en général que des résultats incomplets, et c'est par le frottement des idées les unes contre les autres

525

beaucoup contribué. Il devait cette autorité non seulement à sa grande situation, mais aussi à1a dignité morale de toute sa carrière,

au sentiment du devoir qui l'a animé et soutenu jusqu'à la fin. Ses nombreux élèves ont toujours trouvé auprès de lui appui et conseil ; ils ont conservé un souvenir reconnaissant pour sa mémoire. Il a jusqu'à son dernier jour cherché à être utile à ses semblables ; le plus bel éloge qu'on puisse faire de lui, celui auquel il aurait été lui-même le plus sensible, c'est de rappeler qu'il fut non seulement un savant éminent, mais aussi et avant tout un homme de bien.