Annales des Mines (1888, série 8, volume 13) [Image 276]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR L. E. GRUNER.

NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR L. E. GRUNER.

tenait. ,On peut dire que sur ce côté spécial de la

libre qui ne devait être troublé que par l'invention du

question personne n'a émis des .idées plus précises et plus justes que Gruner ; tandis que beaucoup d'inventeurs, y compris Bessemer lui-même, s'égaraient dans des tentatives sans portée pour éliminer le soufre et le phosphore par injection d'hydrogène, d'hydrocarbures, de vapeur d'eau, etc., dans la fonte en fusion, Gruner montrait l'impossibilité pratique d'arriver ainsi à un résultat. Il devait bientôt après indiquer nettement la véritable voie à suivre; dès 1867, il en avait eu l'intuition, lorsqu'en étudiant le procédé de fabrication de l'acier dû à M. Parry, d'Ebbwale, il proposait de substituer un mazéage au réverbère, sous un bain de scories basiques, au puddlage, qui était le mode de déphosphoration préféré par l'inventeur. Il devait s'écouler plus de dix ans encore avant que l'idée si juste de Gruner aboutît à un résultat pratique; mais l'impossibilité où l'on se trouvait d'employer les minerais impurs à la fabrication de l'acier ne devait pas arrêter le développement des nouvelles méthodes de pro-

duction. L'élimination du soufre au haut fourneau est relativement facile : il suffit, pour la réaliser, de marcher

avec des laitiers très calcaires et une allure chaude, qui se trouvait d'ailleurs imposée par la teneur en silicium nécessaire pour la bonne marche de l'affinage Bessemer. On pouvait donc ne pas se préoccuper outre me-

sure 'de la teneur en soufre des minerais destinés à la production de ces fontes ; l'absence presque absolue de phosphore était seule indispensable, si l'on voulait obtenir des produits marchands. L'emploi des minerais purs s'im-

posa donc à toutes les usines qui employaient le procédé Bessemer, tandis que les établissements appliquant les anciennes méthodes pouvaient se contenter de minerais communs, d'un prix moins élevé. C'est sur ces bases que s'établit un équilibre nouveau de la sidérurgie, équi-

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procédé de déphosphoration.

Même avec les restrictions résultant de l'emploi nécessaire des minerais purs, le succès du procédé Bessemer

avait été tel, qu'il devait provoquer des recherches dans des voies analogues. Dans son mémoire sur l'acier et sa fabrication, Gruner passe en revue les diverses méthodes

proposées à cette époque, méthodes parmi lesquelles une seule a survécu, celle proposée par M. P. Martin, et reposant sur l'emploi du four Siemens. Le principe même de la méthode n'avait rien d'absolument neuf, car on avait depuis bien longtemps essayé de produire de l'acier fondu sur une sole de réverbère, en faisant réagir

sur la fonte soit du fer doux, soit du minerai de fer à haute teneur. Les tentatives antérieures avaient échoué, soit parce que l'emploi d'une chauffe ordinaire ne permettait pas d'obtenir uniformément sur toute la sole une température suffisante, soit parce que la sole elle-même ne résistait pas à l'action corrosive de l'acier et des scories, soit enfin parce que l'acier fondu se chargeait d'une proportion exagérée de silicium, en restant d'une manière prolongée en contact avec la scorie, comme Gruner l'a indiqué dans son mémoire de 1867. Le mérite de M. P. Martin a été de résoudre les difficultés pratiques par l'emploi du four Siemens, avec refroidissement systématique de la sole, et par le choix d'une formule convenable de travail. Cette formule, fondée sur l'addition de riblons ou de massiaux bruts dans un bain de fonte liquide, avait sur le procédé Bessemer l'avantage de per-

mettre, au besoin, l'emploi d'une certaine quantité de fonte phosphoreuse, grâce à l'élimination du phosphore réalisée dans le puddlage qui servait à obtenir les massiaux. Gruner faisait très nettement ressortir, qu'en dehors de cet avantage, le procédé Martin-Siemens avait celui d'être plus maniable que le procédé Bessemer, et