Annales des Mines (1888, série 8, volume 13) [Image 222]

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INFLUENCE DES MOUVEMENTS DU SOL

SUR LES DÉGAGEMENTS DE GRISOU.

géologues sur une corrélation possible entre la recrudescence des dégagements de grisou dans les mines de houille et de l'activité des mouvements de l'écorce terrestre. L'influence des mouvements du sol sur les dégagements de grisou a été discutée pour la première fois

cette mission, et des premiers essais d'études pratiques organisées au début de 1886 dans le bassin houiller du Nord, études dont la présente note a pour objet d'analyser les résultats. En 1884, M. Walton Brown, ingénieur à Newcastleon-Tyne, qui ne paraît pas avoir eu connaissance de la note adressée à l'Académie des sciences par M. de Chancourtois, a fait paraître dans le journal : Proceedings of the North of En gland institute of Mining and Mechanical Engineers (vol. XXXII', 1884) (*), une note où il expose les mêmes théories que M. de Chancourtois. M. Walton Brown, s'appuyant sur ce que le grisou est

d'une façon précise dans le journal anglais The Engineer le 17 décembre 1875, à la suite d'une série de coups de

grisou contemporains de tremblements de terre. La même idée a été émise à la même époque par M. de Rossi, directeur des observations sismologiques d'Italie, dans son Bulle lino del Vukanismo Italian° (*). En avril 1883, M. de Chancourtois, sans avoir eu con-

naissance de ces articles, adressait à l'Académie des sciences, à la suite de nombreux coups de grisou qui s'étaient succédés rapidement dans les exploitations houillères, en Frahc,e et à l'étranger, une note « sur un moyen de prévoir les dégagements de grisou », dans laquelle il expliquait ces dégagements par les mouvements de l'écorce terrestre qui produisent des fissures pouvant mettre en communication les travaux de mines soit avec des

strates chargées de grisou, soit avec des poches où ce gaz est fortement comprimé, et il proposait d'installer à

cet effet, dans les centres miniers, des appareils dits sismographiques , analogues à ceux que possèdent en Italie la plupart des observatoires météorologiques. Cette note fut le point de départ d'une mission confiée à M. de Chancourtois, auquel je fus adjoint avec M. l'ingénieur des mines Lallemand, pour étudier les méthodes d'observations sismologiques usitées en Italie et les résultats obtenus jusqu'alors. Un mémoire inséré dans les Annales des mines (**), a rendu compte des travaux de (*) Bulletin° del Vulcanismo Italian°, année 1875 (sept. à déc.).

(**) Annales des mines, 8° sér., t. IX, p. 207.

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généralement plus abondant près des fissures et des failles, pense que si des mouvements du sol avaient lieu, capables de former des fissures nouvelles ou d'ouvrir les

fissures anciennes, là où il se trouverait de grandes quantités de gaz comprimé dans des cavités, dans une couche de houille ou dans une roche poreuse quelconque, il y aurait échappement inévitable de grisou, dès que les travaux de la mine arriveraient à ces fissures. Par suite, dans une région grisouteuse, traversée par beaucoup de failles, un mouvement insensible de l'écorce terrestre peut être suivi d'irruptions de gaz plus ou moins violentes ; la plus petite cassure peut devenir alors l'issue d'un volume de gaz considérable. A l'appui de cette théorie, M. Walton Brown compare

les courbes mensuelles des explosions de grisou et des tremblements de terre dans la Grande-Bretagne, de 1868 à 1872; il observe la même corrélation que celle qui ressort des courbes que nous avions publiées dans ces Annales ("). Il conclut en émettant le désir qu'on prenne en Angleterre l'initiative d'observer les mouvements mi(*) Un extrait de ce mémoire a été publié dans les Comptes rendus mensuels de la Société de l'industrie minérale (janv. 1885). (**) Annales des mines, 8° sér., t. IX, p. 256.