Annales des Mines (1888, série 8, volume 13) [Image 126]

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SUR LES ÉQUILIBRES CHIMIQUES.

210 . RECHERCHES EXPÉRIMENTALES ET THÉORIQUES

tions des lois de Berthollet dans lesquelles la réaction est

rendue à peu près complète par l'élimination continue d'un des produits de la réaction.

Cette loi générale d'opposition de l'action et de la réaction dont je viens de développer les applications n'est que la généralisation de la condition de stabilité de l'équilibre des systèmes mécaniques. Cette condition bien connue est, en effet, que si on applique une force en un

point d'un système en équilibre, il faut que la déformation du système amène le développement d'une force qui tende à produire un déplacement de sens contraire, c'està-dire d'une force de sens opposé à celle qui a été introduite; c'est ce que l'on exprime en disant que lu réaction doit être opposée à l'action. C'est ce dernier énoncé que j'ai étendu aux équilibres chimiques. Dans ce cas, les facteurs de l'équilibre ou forces chimiques étant de nature distincte, la loi en question s'applique isolément à chacun d'eux. Lorsque la déformation peut se produire sans entraîner le développement d'aucune force nouvelle, sans produire aucune variation des facteurs de l'équilibre, on n'a plus affaire à un équilibre stable, mais à un équilibre indifférent, dans lequel une altération infiniment petite de l'un des facteurs suffit pour entraîner une déformation totale, mais encore réversible du système. C'est le cas des tensions fixes de dissociation sur lequel je reviendrai plus loin. Enfin, si la déformation du système amenait une Variation des facteurs de même signe que celle qui a été pro-

duite au début, l'équilibre serait instable. Les déforma-

tions seraient totales, connne dans le cas précédent, mais non réversibles. C'est la situation d'un ellipsoïde allongé placé debout sur son grand axe. Dans cette position, il est en équilibre, mais il ne peut subir aucun déplacement réversible. Ce serait le cas, en chimie, d'une dissolution saline renfermant moins d'eau que n'en fixe-

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rait en cristallisant le sel dissous ; par exemple, du sulfate de soude, s'il était soluble dans une quantité d'eau inférieure à dix molécules. On ne connaît pas jusqu'ici en chimie d'une façon certaine d'exemples de cette nature. Je crois cependant, d'après quelques observations personnelles, que l'azotate tribasique de chaux peut présen-

ter au contact de l'eau un semblable état d'équilibre instable Az 0", Ca 0 (dissous) + 2Ca°, HO

Az 0", 3 Ca 0, Aq.

La quantité d'eau solidifiée Aq serait supérieure à celle de l'eau de la dissolution d'azotate de chaux dans le système en équilibre. CHAPITRE IV.

LOI DE L'ÉQUIVALENCE.

Dans un système mécanique en équilibre, il est possible de remplacer certaines parties par d'autres analogues sans que l'équilibre soit altéré ; on pourra remplacer un ressort par un autre ressort ou par un poids. Ces divers éléments du système sont dits équivalents; l'expérience montre que deux éléments équivalents dans un système donné en équilibre le seront encore dans tout autre sys-

tème, c'est-à-dire qu'ils pourront être substitués l'un à l'autre sans altérer l'équilibre. L'expérience montre de plus que, s'ils peuvent être opposés l'un à l'autre, comme deux ressorts, un ressort et un poids ou deux poids par l'intermédiaire d'un fil passant sur une poulie, ils se feront mutuellement équilibre. C'est de ces lois expérimentales que découle la notion de force. Après avoir reconnu que certains éléments très différents par l'ensemble de leurs propriétés se comportent de la même façon au point de vue de l'équilibre, on a été conduit à imaginer