Annales des Mines (1888, série 8, volume 13) [Image 125]

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208 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES ET THÉORIQUES

Il n'y a pas ici l'analogue d'un système chimique dont tous les points sont portés à la même température ; l'électrisation uniforme d'un système, si elle était possible, altérerait-elle son état d'équilibre? C'est une question qui mériterait d'être étudiée.

Pression.

L'augmentation de la pression de tout un système chimique en équilibre amène une transformation qui tend à faire diminuer la pression. On sait que la compression abaisse ou élève le point de fusion des corps suivant que la fusion est accompagnée d'une augmentation ou d'une diminution de volume. Nous

avons établi, M. Mollard et moi (*), le même fait pour la transformation dimorphique de l'iodure d'argent. Nous avons réussi à abaisser son point de transformation jusqu'à la température ordinaire, c'est-à-dire de plus de 100 degrés sous une pression de 3.000 atmosphères. Jusquelà on n'avait réussi à le faire pour les points de fusion que de quelques degrés.

De même dans les systèmes gazeux homogènes ou non ; la compression amène la condensation des vapeurs, la combinaison de l'acide carbonique avec la chaux, etc. Pour les systèmes homogènes les exemples ne manquent pas non plus. Je rappellerai les expériences bien connues

sur la dissociation du perchlorure de phosphore, de la molécule de soufre, d'iode, etc.; nous avons vérifié,

SUR LES ÉQUILIBRES CHIMIQIIE.S.

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les erreurs d'observation, et peuvent dans tous les cas être expliqués par le léger écart entre les densités réelles

et les densités théoriques, qui fait que les réactions où le nombre de molécules reste invariable . sont néanmoins toujours accompagnées d'un léger changement de volume.

Condensation. La variation de condensation d'un seul des éléments détermine une transformation dans un sens tel qu'une certaine quantité .de cet élément disparaisse, ce qui peut diminuer sa condensation C'est là l'action de niasse, dont les applications sont si nombreuses dans toute la chimie. Les expériences de M. Berthelot sur Péthérification, de M. Lemoine sur la dissociation de l'acide iodhydrique, ont montré d'une façon très nette comment l'addition à un mélange en équilibre d'une nouvelle quantité d'un quelconque des corps en présence amène un accroissement de la réaction qui tend à faire disparaître ce, corps. Ainsi l'addition d'hydrogène à l'acide iodhyrique dissocié provoque la combinaison d'une nouvelle quantité d'hydrogène à l'iode, tandis que l'addition d'acide iodhydrique provoque la décomposition d'une nouvelle quantité de ce corps ;

de même, dans la décomposition des sels par

M. Mollard et moi(**), le même fait dans la dissociation de

l'eau, du sulfate de mercure. L'addition d'acide provoque aux dépens du précipité la formation d'une nouvelle quan-

l'acide carbonique. Lorsque la réaction n'est accompagnée d'aucun changement de volume, l'état d'équilibre est indépendant de la pression : dissociation de l'acide iodhydrique, éthérification. Les faibles écarts observés ne dépassent guère

tité de sel neutre ; inversement pour l'addition de sel neutre. Les décompositions mutuelles des sels qui sont presque toujours limitées en donnent des exemples sans nombre : extraction des sels des eaux de la mer ; sel

(") Mallard et Le Chatelier, C. r., 91 juillet 1884. (1 Milliard et Le Chatelier, C. r., 19 décembre 1881.

mixte, sulfate de soude, chlorure double de potassium et de magnésium, par le. procédé Balard ; préparation du

carbonate de soude par le procédé à l'ammoniaque de M. Schlcesing ; décomposition du sulfate de baryte par le

carbonate de soude, et, en général, toutes les applica-