Annales des Mines (1887, série 8, volume 11) [Image 262]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE

ments tout à fait comparables aux accidents naturels des montagnes, si bien que l'on a finalement sous les yeux, lorsque le ballon a repris son équilibre, une frappante image du mécanisme qui a produit le relief actuel du globe. Mais ce n'était pas seulement au point de vue purement théorique que M. de Chancourtois poursuivait la solution

de l'un des plus grands problèmes de la géologie ; il était persuadé, plus que personne, de l'importance

pratique de cette solution, et c'est ce qui lui a fait entreprendre l'étude des mouvements de l'écorce terrestre au point de vue de leurs rapports avec les dégagements gazeux. A la suite de sa nomination au grade d'Inspecteur général des mines, survenue en 1879, il avait été chargé, en 1880, de l'inspection de la Division minéralogique du Nord-Ouest, et il n'avait pas tardé à être frappé de la nécessité de trouver un moyen de prévoir, sinon de prévenir, les accidents de grisou si fréquents depuis quelques années dans nos houillères du Nord et du Pas-de-Calais. Il entreprit cette tâche avec une ardeur toute juvénile. ardeur qu'il puisait, non seulement dans son amour pour la science, mais encore dans cette bienveillance extrême

qui était le fond de son caractère et dont ses élèves ont reçu des marques si nombreuses. C'est, en effet, surtout

en vue d'améliorer le sort de l'ouvrier mineur, avec lequel ses nouvelles fonctions le mettaient directement puisqu'il était fidèle à l'ancienne tradition en contact de la visite personnelle de l'Inspecteur général au fond qu'il se mit à l'étude des condes travaux de mine ditions d'exploitation et d'aérage des mines grisouteuses, pour lesquelles il a fait rendre obligatoire l'installation de deux puits, réforme devenue indispensable. Sans nier l'importance de l'influence barométrique sur

SUR M. DE CHANCOURTOIS.

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les dégagements de grisou, il ne croyait pas cette influence prépondérante, conclusion qui a été pleinement confirmée par les dernières expériences de la Commission prussienne

du grisou. Il estimait, au contraire, que ces phénomènes étaient surtout une conséquence des mouvements de tout genre qui ébranlent l'écorce terrestre et qui déterminent des tensions et des compressions locales, en déformant les p'arties qui com.prennent les couches de houille et les amas de gaz. L'étude suivie des mouvements sismiques, comparée aux observations faites dans nos grandes mines

sur les dégagements de grisou, doit donc révéler une relation de cause à effet qui permettra peut-être d'arriver à l'établissement d'une théorie génexale. Ces considérations conduisirent M. de Chancourtois

à proclamer toute l'importance qu'aurait, pour notre pays, la création d'observatoires sismologiques dans les grands centres de population et surtout dans les bassins houillers. Pour réaliser cette création dans les conditions les plus fructueuses, il demanda et obtint, en 1883, une

mission officielle en Italie, dans le but d'étudier les méthodes d'observation mises en pratique chez nos voisins qui ont poussé très loin ce genre d'études et qui possèdent déjà une cinquantaine de stations d'observation. Au retour .de ce voyage, qu'il fit avec MM: Lallemand

et Chesneau, Ingénieurs au Corps des Mines, il publia dans les Annales des mines (1886), avec le concours de ses collaborateurs, un important mémoire Sur l'Étude des Mouvements de l'Écorce terrestre, poursuivie particulièrement au point de vue de leurs rapports avec les dégagements des produits gazeux.

Ce travail magistral constitue une véritable petite encyclopédie des méthodes employées et des travaux sismologiques qui, jusqu'à présent, ont surtout été poursnivis à l'étranger. Après un bref résumé des principales