Annales des Mines (1886, série 8, volume 10) [Image 229]

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GISEMENTS DE MINERAI DE FER

DU CENTRE DE LA FRANCE.

ferrugineuses ou siliceuses, pour que l'on ne puisse contester la légitimité de notre explication en se fondant sur la théorie des causes actuelles ; car, si nous ne voulons pas admettre une augmentation d'intensité de ces agents nous pourrons toujours supposer une durée suffisante pour produire un dépôt aussi puissant que l'on pourra imaginer ; la grandeur de l'un des facteurs compensera la petitesse de l'autre, et il n'est pas d'usage aujourd'hui de marchander le temps dans les explications géologiques. Nous considérons donc les dépôts sidérolithiques comme résultant d'épanchements boueux accompagnés de jaillissement de sources minérales chargées de fer, de silice, de gypse, etc. La présence, indiquée précédemment, d'une marne imprégnée de carbonate de fer à la base d'une poche de minerai et l'observation semblable déjà faite par Gruner pour les minerais de manganèse des Pyrénées constituent une confirmation éclatante de la théorie précédente. Ces faits démontrent que l'agent minéralisateur a été ici l'acide carbonique et non le soufre, comme on l'a prétendu, en voulant faire dériver le gypse de cette formation, d'une réaction de ce soufre sur les roches cal-

soulèvement principal des Pyrénées. Les dislocations et les fissures qui en sont résultées ont facilité l'émission des matières sidérolithiques : nous retrouvons leur

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caires. Les épanchements boueux et les venues d'eaux minérales qui ont constitué le terrain sidérolithique sont en rapport avec les mouvements du sol qui ont eu lieu pen-

ils sont le retentissement, sur la bordure du plateau central, des phénomènes volcaniques qui avaient lieu, sur une si grande échelle, dans l'Au.

dant l'ère tertiaire

vergne. Les éruptions qui ont donné naissance aux dépôts si-

dérolithiques du centre de la France ont été provoquées par les mouvements. du sol, caractérisés par les failles du système Sancerrois, mouvements contemporains du

direction dans les alignements des gîtes de minerai. Nous ne voulons pas d'ailleurs affirmer que les phénomènes éruptifs aient seuls joué un rôle dans la formation sidérolithique ; les phénomènes de sédimentation et de transport ont pu intervenir directement ou indirecte-

ment, mais seulement d'une manière très restreinte, ainsi , que nous l'avons observé précédemment.

Il faut ajouter encore que les fentes et dépressions remplies par les dépôts sidérolithiques ont bien pu ne pas l'être toutes de bas en haut : les matières sidérolithiques, après s'être épanchées à la surface, ont pu également en opérer le remplissage de haut en bas. La théorie de l'origine éruptive nous paraît donc donner l'explication la plus simple de- ces dépôts singuliers, dont les caractères sont si distincts de ceux de la série sédimentaire : c'est elle qui se prête le mieux aux diverses circonstances et particularités qu'ils offrent. Le phénomène sidérolithique, qui a peut-être commencé à la fin de l'époque crétacée (Bauxite de la Provence), paraît surtout caractéristique de l'ère tertiaire et est en rapport avec les nombreux mouvements du sol qui ont eu lieu alors ; il se montre dès le commencement de l'éocène (argile à silex), prend un grand développement pendant l'oligocène (argiles à minerai de fer, sables granitiques, phosphorites), se continue pendant le mio-

cène (sables de la Sologne), et se poursuit jusqu'à la période pliocène, si on doit rapporter à celle-ci les sables granitiques subordonnés à ce que nous avons appelé les sables et argiles du Bourbonnais.

Les conclusions auxquelles nous arrivons sont confirmées d'une manière frappante par les résultats de l'examen microscopique des roches sidé,rolithiques : nous