Annales des Mines (1886, série 8, volume 10) [Image 228]

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GISEMENTS DE MINERAI DE FER

DU CENTRE DE LA FRANCE.

lièrement mélangés : le dépôt simultané de ces deux éléments n'a pu s'effectuer par voie de sédimentation, car il se serait produit alors un classement mécanique; il a eu lieu dans une masse à l'état boueux. Ces dépôts sont constitués par des argiles tantôt pures, tantôt sableuses. Ces argiles sont souvent blanches et semblables à de véritables kaolins l'analyse n'y révele qu'une proportion excessivement faible d'oxyde de

les couches sous-jacentes des altérations dues à l'infiltration des eaux météoriques. Comment concilier ce fait d'observation avec l'épaisseur considérable de l'argile à silex et des dépôts sidérolithiques qui atteignent souvent 30 mètres et plus d'épaisseur ? La théorie de l'apport interne résout facilement toutes

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fer. Cette circonstance est complètement en désaccord avec le mode de formation par dissolution et oxydation

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des roches calcaires : il ne peut se produire ainsi que des I

argiles ,rouges ferrugineuses, comme le fait très bien observer M. Van den Broeck. Ces argiles contiennent parfois du fer à l'état de silicate qui les colore en vert : fait non moins incompatible avec les phénomènes d'oxydation, conséquence nécessaire de l'infiltration des eaux superficielles. Enfin elles sont, par places, très chargées de silice celle-ci les durcit et les amène à l'état d'argilolithe, dans laquelle l'excès de silice se sépare à l'état d'opale ; une proportion notable de la silice de ces argilolithes est it l'état soluble. Comment expliquer toutes ces circonstances avec la théorie de M. Van den Broeck? Tandis que d'un côté nous voyons le calcaire, dont la dissolution supposée a dû donner naissance au dépôt sidérolithique, conserver partout une composition identique, ou du moins varier dans des limites assez rapprochées, nous Voyons d'autre part le

dépôt sidérolithique éprouver des variations considéra-

bles d'un point à un autre, souvent très rapproché, et nous le trouvons conservant le même faciès non seule-

ment sur, les calcaires des divers étages jurassiques, mais encore sur les roches primitives.

Enfin, M. Van den Broeck montre que la présence d'une couche d'argile imperméable suffit pour préserveY

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les difficultés que nous venons de signaler.

Cette théorie ne met cependant en jeu aucun agent inconnu, aucune cause occulte, comme on se plaît à le lui reprocher : nous pouvons observer tous les jours des sources minérales qui déposent des calcaires, des oxydes ferreux et même des opales.

Les phénomènes de cet ordre ont encore, même à l'époque actuelle, une intensité notable. Nous citerons les eaux d'Hammam Meskoutine, près Guelma, en Algérie, qui ont -déposé sur une étendue de plusieurs kilomètres carrés des dépôts de travertin très puissants ; en venant sourdre à la surface, elles ont édifié des cônes calcaires dont les formes rappellent, en sens inverse, il est vrai, celles de nos gisements de minerai. À Vichy, nous trouvons un dépôt important de travertin formé par la source des Célestins. D'autre part, nous voyons les sources minérales apporter avec elles au jour des débris des roches qu'elles. traversent, et souvent en quantité notable : ce fait a été vérifié à Plombières, à Bourbon-l'Archambault, etc.

L'apport de sables granitiques, provenant de la décomposition de roches granitiques ou porphyriques, n'a donc rien qui puisse nous surprendre. D'ailleurs, il nons est arrivé de trouver dans les gisements de minerai des fragments de pegmatite en voie de décomposition, offrant un passage graduel à la gangue argileuse qui empâte les grains cette observation met en évidence l'origine de cette argile. Il suffit de constater l'existence de sources calcaires,

Tome X, 1886.