Annales des Mines (1886, série 8, volume 10) [Image 152]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR M. TOURNAIRE.

situation de l'industrie de l'huile de schiste indigène, que commençait à menacer sérieusement la concurrence américaine, M. Tournaire, alors ingénieur en chef des mines

à Chalon-sur-Saône, fut chargé, avec M. l'ingénieur Chosson , d'une enquête sur la fabrication autunoise. M. Chosson décrivit, dans un rapport inséré au tome XX des Annales, les procédés appliqués dans les principales fabriques, et les essais exécutés en grand jusqu'en 1871. M. Tournaire, dans le mémoire publié par lui à la suite de ce rapport, se plaçant à un point de vue un peu diffé-

rent, parle plus spécialement des ressources minières que présentent les terrains schisteux des environs d'Autun, dont il fait la description géologique ; des expérien-

ces exécutées par lui au laboratoire de Chalon sur la nature des schistes et les éléments combustibles et éclairants qu'ils renferment, et des conséquences qu'on peut en déduire au point de vue pratique. Il montre les progrès à réaliser dans la distillation des schistes pour arri-

ver à un rendement plus considérable et à un prix de revient plus satisfaisant, notamment pai. un chauffage plus régulier et plus prolongé, et par un emploi convenable des résidus charbonneux de schiStes et des gaz produits dans l'opération. Il signale les essais faits dans ce sens à l'usine de Lally, et résume enfin la situation économique de l'industrie autunoise.

L'attention de M. Tournaire s'était portée à plusieurs reprises, surtout depuis qu'il avait été appelé à la surveillance des carrières de la Seine, - sur les causes d'effondrement partiel ou total des carrières souterraines. Des cas de ce genre, survenus à Meudon et à Bougival. et l'effondrement de la carrière de tuffeau de Vieux-Ports,

NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR M. TOURNA IRE.

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dant d'ailleurs des expériences analogues de M. l'ingénieur en chef des ponts et. chaussées de Perrodil, il fit paraître le résultat de ses études dans un mémoire inséré au tome III de la 8e série des Annales, en 1883. Il y

traite spécialement le cas des carrières exploitées par piliers réservés. Il indique les deux modes de destruction auxquels elles sont sujettes, à savoir les cloches et fontis, 'produits par une trop grande portée des plafonds, et l'écrasement des piliers, amené par une réduction exagérée de la section horizontale des piliers par rapport à la surface totale. Il établit la formule d'équilibre, cor-

respondant à des bancs sans fractures et sans délits, en tenant compte tant de la pression des terrains supérieurs que de la résistance des roches au cisaillement; et, appliquant la formule aux matériaux soumis aux expériences, il établit les règles à suivre dans l'exploitation de ces carrières, et fixe les dimensions que l'on doit donner aux piliers d'après la nature de la roche, la profondeur de la carrière et l'état général du terrain superposé. Il indique ensuite le moyen de retirer d'une carrière souterraine la plus grande proportion de matière utile par une exploitation rationnelle, consistant en un traçage préalable jusqu'à la limite, suivi d'un découpage des massifs opéré en rabattant. Enfin, faisant l'application de la même formule aux mines, il démontre l'impossibilité de l'exploitation par piliers sur de grandes surfaces dans les mines profondes. Puis, étendant les mêmes principes à la géologie, il ex-

plique par eux l'existence de bon nombre de chutes et de soulèvements de l'écorce terrestre.' Dans le même ordre d'idées, M. Tournaire a fait une

le décidèrent à étudier de près la question. Après de

étude sur la résistance du sel gemme aux efforts de

nombreux essais faits par lui-même sur la résistance à la compression des principales roches exploitées, et en s'ai-

compression, et sur les. conséquences qui en découlent pour l'exploitation du sel en roche, étude parue dans le