Annales des Mines (1886, série 8, volume 9) [Image 237]

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AUX HOUILLÈRES DE CARMA.UX (TARN).

448 RAPPORT SUR L'EXPLOSION D'UN PISTON CREUX

faut abandonner l'idée que les explosions de pistons creux

sont dus à la surchauffe de l'eau infiltrée. Suivant les vraisemblances, cette eau s'est décomposée en hydrogène et en oxygène qui s'est fixé sur le fer et l'a transformé en oxyde magnétique. Quand on chauffe un piston creux, l'hydrogène peut, à une certaine température réduire brusquement le fer oxydulé ; il y a évidemment lieu de tenir compte, en outre, de la décomposition des matières grasses infiltrées et

Conclusions.

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Les faits qui précèdent rendent très

vraisemblable que les explosions des pistons creux sont

dues à la décomposition par la chaleur des matières grasses, en quantité souvent considérable, qui pénètrent par capillarité dans la cavité de ces appareils. Cette distillation produit vraisemblablement un mélange détonant qui s'enflamme, soit au contact des parois rougies, soit par l'action directe des flammes, lors-. qu'il existe quelque solution de continuité.

d'une machine à vapeur fixe de Vierzon (Cher). L'analyse

Quoiqu'il en soit, et que les gaz inflammables préexistent dans les cavités des pistons creux, ou ne s'y développent que par un chauffage énergique, il convient de considérer comme dangereuse la pratique qui consiste à chauffer ces pistons, sans avoir préalablement débouché et nettoyé leur cavité intérieure. A ce point de vue, la publicité donnée, dans les Annales des mines et dans les Annales des ponts et chaussées, à la nôte de M. de Grossouvre, paraîtra peut-être insuffisante, et il semble utile qu'une circulaire ministérielle invite les ingénieurs des mines à faire connaître aux indus-

a donné les résultats suivants

triels intéressés les dangers du chauffage des pistons

intimement mélangées à l'oxyde de fer. Dans sa séance du 6 mai 1885, la commission centrale a émis l'avis que ces faits, encore peu connus, fussent publiés dans les Annales des ponts et chaussées et dans les Annales des mines, afin de provoquer des recherches nombreuses sur ces phénomènes qui méritent d'être étudiés.

M. l'inspecteur général des mines Jacquot a fait tout récemment analyser, au bureau d'essai de l'École des mines, une poudre brune trouvée dans le piston creux

Matières grasses Matières carbonées, solubles dans la benzine. Peroxyde de fer. Oxyde de manganèse Silice. Chaux Eau

.

13,60 3,80 73,80 0,60 3,66 1,20 2,00

L'analyse a été faite, après séparation de morceaux de

fer métallique et d'un peu de poudre brune attirable à l'aimant. Chauffée dans un creuset fermé, la matière dé-

gage des gaz qui s'enflamment au contact de l'air (*). (*) Des expériences récentes, faites par le rapporteur, dans les ateliers de la compagnie de l'Ouest, avec le concours bienveil-

creux (*).

En conséquence, le rapporteur a l'honneur de soulant de M. Clérault, ont permis de recueillir les gaz remplissant la cavité de pistons creux en fonte de locomotives, après un long usage.

Les gaz ne sont pas inflammables, mais contiennent une minime proportion de carbures d'hydrogène qui les rendent odorants. Les dépôts solides sont composés de fer oxydulé et de matières grasses abondantes; ces résultats confirmeraient ceux que M. de Crossouvre avait déjà publiés. Ils démontrent le danger de distiller en vase clos les matières grasses qui ont pénétré par capillarité dans la cavité des pistons creux. (*) La circulaire ministérielle du II avril 1886 (partie administrative, page 149) a répondu à ce voeu, adopté par la commission centrale.