Annales des Mines (1886, série 8, volume 9) [Image 155]

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284 NOTE SUR LE PROFIL DES CAMES DES BOCARDS.

la condition de conserver constant le rapport des vitesses des deux corps qui engrènent l'un avec l'autre ; de telle sorte que si l'un des deux corps a un mouvement uniforme, l'autre prend également un mouvement uniforme, Les profils appelés conjugués sont ceux qui satisfont cette condition. Dans l'engrenage à crémaillère, par exemple, la développante de cercle est le profil conjugue du flanc rectiligne de la crémaillère : cela signifie qu'avec ces profils, si l'arbre du pignon tourne d'un mouvement uniforme, la vitesse de la crémaillère sera également uni-

forme. Par conséquent, si l'arbre à cames d'un bocard tourne d'un mouvement uniforme, chaque came tracée en développante soulèvera le mentonnet correspondant avec une vitesse verticale constante. Ici se présente la question de savoir si cette propriété cinématique du tracé des cames en développante de cercle offre quelque utilité pratique. Lorsque, dans un boca,rcl, on munit l'arbre de cames destinées à soulever les mentonnets des flèches, le problème que l'on se propose de résoudre est le suivant : soulever la flèche à une hauteur donnée et dans un temps donné. Une fois ce résultat obtenu, on laisse retomber le pilon, pour le soulever de nouveau avec une autre came, et ainsi de suite. Mais, relativement à l'action d'une carne, les deux seuls éléments du problème à résoudre par le fonctionnement de cette came sont 1° La hauteur d'élévation ;

2° Le temps nécessaire pour produire ce

ment.

soulève-

Quant à la nature du mouvement ascendant du pilon, elle n'offre évidemment aucun intérêt ; et, pour le problème à résoudre, la nature de ce mouvement ascendant est arbitraire, au moins dans de certaines limites. D'après le but de l'opération, qui consiste pratiquement à laisser retomber le pilon d'une certaine hauteur, peu importe

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que le pilon ait été soulevé d'un mouvement uniforme ou

d'un mouvement varié, pourvu toutefois qu'il n'ait pas été soulevé d'un mouvement trop irrégulier et saccadé. Ainsi donc, pour les bocards, il n'y a aucune utilité à s'astreindre au tracé des profils conjugués qu'indique la théorie cinématique des engrenages ordinaires. La con-

servation de la constance du rapport des vitesses des deux corps qui engrènent l'un avec l'autre, nécessaire pour les engrenages ordinaires, est évidemment inutile d'après le but de l'opération à laquelle sont affectés les bocards.

Il est même aisé de voir que, si l'on avait toute latitude pour le choix du mouvement ascensionnel à imprimer au pilon, ce n'est pas le mouvement uniforme qu'il conviendrait de choisir. En effet, lorsque le pilon, encore au repos, est saisi par la came, il passe brusquement d'une vitesse nulle à la vitesse que lui imprime la came ; il se

produit donc un choc, dont l'importance dépend de la vitesse initiale imprimée au pilon. Pour diminuer l'importance de ce choc, il faut diminuer la vitesse initiale. L'idéal serait de soulever le pilon avec une vitesse progressivement croissante à partir de zéro. Malheureusement,

l'emploi de cames montées sur un arbre de rotation ne permet pas (et nous verrons plus loin pourquoi) de réaliser cet idéal, quel que soit d'ailleurs le profil adopté pour les cames. Mais, sans atteindre ce clesideratum, on pourra, avec un tracé autre que celui de la développante, soulever le pilon d'un mouvement varié, et s'arranger de façon à avoir une vitesse initiale inférieure à la vitesse

moyenne. Par conséquent, pour la même hauteur de chute et la même vitesse moyenne de soulèvement, on améliorera le fonctionnement du pilon si on substitue à la vitesse constante de soulèvement une vitesse variable qui permette à la vitesse initiale d'être inférieure à la vitesse moyenne.