Annales des Mines (1886, série 8, volume 9) [Image 152]

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278 ÉTUDE DES MOUVEMENTS DE L'ÉCORCE TERRESTRE V.

Sur le degré d'utilité de l'observation des déviations apparentes de la verticale.

Il n'est pas probable qu'avant de longues années le régime de l'atmosphère et celui des mers soient connus avec précision. Le seraient-ils, que l'hétérogénéité des strates géologiques composant notre sol empêcherait de calculer d'une manière exacte les déformations de l'écorce. La détermination des perturbations de la verticale dues à l'influence luni-solaire doit donc être regardée comme un pro; blème pour longtemps encore insoluble, et il y a peu de chances que des observations sur ce sujet, faites avec des instruments très délicats, puissent conduire à des résultats intéressants. Ces instruments, même placés dans les conditions les plus favorables, décèleraient d'incessantes variations, dont il serait difficile, pour ne pas dire impossible, de distinguer nettement les lois.

Il n'y a donc pas d'intérêt à adopter de semblables instru-

ments pour des observations continues; cependant, en choisissant, pour les installer, des points où l'écorce paraîtrait douée d'une plus grande élasticité, on pourrait peut-être en déduire la valeur du coefficient moyen de rigidité des couches supérieures du sol.

Ces conclusions, présentées avec les plus grandes réserves, n'atténuent d'ailleurs en rien l'utilité d'indications fournies par des instruments plus grossiers, ne décelant par exemple que les déviations apparentes supérieures à I" ou 2". L'influence combinée de la pression barométrique, du flux de la marée, et de l'attraction luni-solaire, pouvant tout au plus donner lieu 'a une déviation angulaire de 0",25, pour un lieu d'observation éloigné de la mer, les changements de niveau apparent dus à ces causes particulières resteraient toujours peu importants, sinon négligeables, vis-à-vis de ceux que l'instrument pourrait enregistrer. C'est surtout dans ces conditions que des observations systématiques continues des mouvements sismiques ou quasisismiques, comme les italiens et les Japonais, par exemple, en ont organisé, peuvent être intéressantes.

Ce n'est pas trop s'aventurer non plus de prédire qu'un jour viendra où les astronomes pratiques ne se contenteront plus d'éliminer simplement par des moyennes, l'influence des mou-

ET DES DÉGAGEMENTS DE PRODUITS GAZEUX.

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vements du sol et de la verticale, mais voudront tenir compte, pour chaque observation en particulier, de la véritable position du fil à plomb, indiquée par un instrument spécial.

VI. Extrait d'une lettre de M. Joseph M'Une, professeur au collège impérial de Tokio, relative à l'étude des tremblements de terre (*).

« Dans le but de mettre en évidence les petites trépidations

du sol, je commençai, en 1879, une série d'expériences avec des

microphones et des instruments à base de pendule, similaires pour la forme à ceux établis dans le laboratoire de Cavendish à Cambridge, mais moins parfaits malheureusement comme construction.

« Les microphones étaient vissés sur la tête de pieux, enfoncés dans le sol au fond de puits fermés. « Pour être bien certain que les résultats constatés n'étaient pas dus à des causes locales, telles que la présence d'oiseaux, d'insectes, etc., je fis placer deux batteries distinctes de microphones, l'une au milieu de la pelouse qui s'étendait devant ma maison, l'autre dans une fosse derrière celle-ci. La sensibilité des appareils ainsi disposés était telle, que, si par exemple, on laissait tomber une petite pierre sur le gazon, à une distance de

deux mètres de la fosse, on entendait aussitôt un son distinct dans le téléphone récepteur et l'on constatait un mouvement de l'aiguille du galvanomètre placé dans le circuit des microphones.

Lorsqu'une personne 'courait ou marchait dans le voisinage des fosses, chacun de ses pas était enregistré d'une façon tellement nette, qu'un voisin japonais, M. Masato, qui m'assistait dans ces expériences, eut l'idée de transformer l'appareil en un système de protection contre les voleurs. A cet effet, l'aiguille du galvanomètre était employée 'a fermer un courant électrique actionnant une cloche. Le gardien de la maison se trouvait de la sorte averti.

« Les appareils pendulaires furent également employés par couples. L'un d'entre eux se composait d'une masse de plomb de 10 livres, suspendue à l'extrémité d'une corde de piano longue de 20 pieds. Au-dessous, se trouvait un petit miroir de galvano(t) Nature, n° du 8 juin 1882.