Annales des Mines (1886, série 8, volume 9) [Image 148]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

270 ÉTUDE DES MOUVEMENTS DE L'ÉCORCE TERRESTRE

Exempt de toute trace de fer, il devait échapper à toute influence

de la part du magnétisme terrestre. Le pilier qui supportait l'appareil était complètement isolé des murs du bâtiment, et une fosse avait été creusée tout autour sur une profondeur de près d'un mètre. Le pendule lui-même, long de 1-,48, était porté par un solide trépied en fonte. Le plan des fils et du miroir était dirigé Est-Ouest de manière que l'appareil enregistrait les déplacements Nord-Sud du pendule. L'appareil entier était renfermé dans une cage remplie d'eau jusqu'au sommet, de manière à atténuer l'influence des variations de température et à éteindre les petites oscillations para. sites du miroir et du pendule, celles du moins dont la durée d'oscillation était inférieure à une demi-minute. L'expulsion des bulles d'air adhérentes à la surface du pendule présenta de grandes difficultés, dont on ne triompha qu'en employant de l'eau bouillie et en prenant des précautions spéciales pour le remplissage.

Lors des essais préliminaires, l'image se montra moins instable que dans l'appareil de Glasgow. Néanmoins le poids d'une

personne placée dans la tranchée, derrière le massif de fondation, produisait une déviation sensible du pendule. Les oscillations de l'image, observées pendant plusieurs jours de suite, montrèrent un maximum journalier de déviation vers le nord, entre 5 et 7 heures du soir. On aurait probablement constaté une marche inverse vers le sud dans la période correspondante de la matinée. Cette oscillation diurne est attribuée, en partie du moins, 'a une déformation subie par le support en maçonnerie sous l'influence des variations journalières de la température. On reconnut que l'échauffement de l'une des faces du pilier par la lampe de l'appareil produisait rapidement une déviation notable. En touchant du doigt seulement l'une des jambes du trépied en fonte, on constatait également un déplacement marqué de l'image par suite de la dilatation de cette jambe.

Bien que l'appareil ainsi établi ne prit enregistrer que les déviations Nord-Sud du pendule, on comprend que tout déplace. ment du poids dans le sens perpendiculaire devait modifier la sensibilité de l'instrument.

ET DES DÉGAGEMENTS DE PRODUITS GAZEUX, 271

Pour remédier à cet inconvénient, on remplaça par une suspension bifilaire le fil unique auquel était attaché le poids du pendule.

De plus, on supprima le trépied en fonte et on lui substitua une console en ardoise fixée au sommet d'une potence.

L'eau, dans laquelle plongeait l'appareil, fut remplacée par un mélange plus visqueux, formé d'alcool et d'eau préalablement privés d'air par un séjour de trois heures dans le vide. Pour éviter l'action perturbatrice de la lampe, on observait, à

l'aide d'une lunette, l'image réfléchie de l'échelle directement éclairée et placée à 5 mètres en avant du miroir mobile. La lampe ne restait d'ailleurs allumée que juste le temps nécessaire aux lectures. Enfin, on détermina expérimentalement la valeur des divisions de l'échelle, au moyen d'une petite masse supplémentaire courant sur un fil, à l'aide de laquelle on imprimait au pendule des déviations connues.

L'appareil une fois réglé, on put constater une oscillation diurne, analogue à celle qui avait été observée auparavant, mais moins régulière. L'image était perpétuellement en mouvement et avançait en moyenne vers le Nord. On constata de nouveau l'influence marquée d'un échauffement direct du pilier de soutènement; au contraire, on ne produisit que peu ou pas d'effet en essayant de chauffer, par le bas, l'eau contenue dans la cage. Les deux tiers d'un verre d'eau versés dans la tranchée derrière le pilier produisirent un gonflement du sol qui détermina une déviation marquée de l'image. Celle-ci mit plus d'une heure 'a revenir ensuite à sa position primitive. Un troisième essai fut tenté plus tard, en 1881, avec un appareil plus perfectionné encore (voir le croquis Pl. VI, fig. 5). Des dispositions ingénieuses furent imaginées pour prévenir les fuites qui se produisaient sans cesse dans la cage renfermant le liquide.

Celle-ci, M, construite entièrement en métal pour faciliter la répartition de la température, fut placée dans une seconde enveloppe N, également remplie d'eau.

Le pilier même R, qui supportait tout l'appareil et dont la fondation descendait jusqu'à la roche vive, fut entièrement noyé Tome IX, 1886.