Annales des Mines (1886, série 8, volume 9) [Image 146]

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ET DES DÉGAGEMENTS DE PRODUITS GAZEUX.

266 ÉTUDE DES MOUVEMENTS DE L'ÉCORCE TERRESTRE

e) Au contraire, dans les périodes d'élévation durable du baromètre, les tromomètres, généralement agités, sont calmes. 3° Les maxima in icrosismiques coïncident presque exactement

avec les minima barométriques de Rome, soit que l'on considère les abaissements au-dessous de la moyenne annuelle, soit que l'on considère les fluctuations barométriques durant une période sismique, à laquelle ne correspond pas un abaissement barométrique au-dessous de cette moyenne. 4° Les mouvements tromométriques isolés, non communs à tous les observatoires, ne coïncident pas avec les abaissements barométriques ; on doit les considérer comme tout à fait sismiques , c'est-à-dire de la nature des vrais tremblements de terre.

Le P. Bertelli, en partant de ces faits et d'autres semblables, classe en deux groupes les mouvements observés avec le tromomètre : il appelle ondes barosismiques ces agitations régulières,

dont la manifestation se montre d'accord avec les dépressions barométriques; et ondes sismiques celles qui sont isolées, exceptionnelles et indépendantes de ces dépressions. Quant aux mouvements microsismiques verticaux, observés avec Porthosismomètre, le P. Bertelli a trouvé qu'ils ne se montrent pas généralement durant les périodes de mouvements baro sismiques horizontaux. Et M. de Rossi, en comparant les observations microsismiques des diverses stations italiennes, a trouvé que les mouvements verticaux étaient beaucoup plus fréquents que les horizontaux. On le vérifie en premier lieu à Mon te Fortin° d'Ascoli, dans les Marches, puis à Viterbe, à Rome et à Narni. Enfin on doit considérer comme très importante l'observation faite par beaucoup de sismologues italiens, que les secousses sensibles de tremblements de terre sont d'habitude précédées d'agitations microsismiques extraordinaires, et en particulier de secousses verticales. Ainsi le P. de Rossi affirme que « dans les lieux où se manifeste un paroxysme sismique, on commence par observer une notable et croissante agitation tromométrique, que cette agitation est plus grande dans les localités les plus proches du centre sismique et va progressivement en diminuant à mesure que l'on s'éloigne de l'endroit menacé ». Si ces études ultérieures confirment les déductions de l'éminent sismologue italien ("), on est fondé à croire que l'on arri(*) Les faits relatés dans l'Histoire des tremblements de terre, où généralement les secousses violentes furent précédées d'autes plus lùgères et de frémissements presque insensibles du sol, semblent confirmer cette théorie.

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vera rapidement à la solution de ce problème si intéressant pour l'humanité : la prévision des tremblements de terre. § 3.

Le microphone employé comme instrument microsismique.

En 1878, à peine les journaux avaient-ils rapporté d'Amérique la découverte du microphone, que le professeur de Rossi pensa à l'appliquer à l'observation des bruits souterrains d'origine sisMo-vOlCanique non perceptibles aux yeux (") et de le transformer ainsi en « auscullateur endogène », permettant aux sismologues d'étudier les phénomènes internes de la machine terrestre, comme les médecins avec des appareils analogues le font pour l'organisme humain. il fit ses premières expériences en plaçant le microphone dans une grotte souterraine à Rocca di Papa, dans des conditions telles qu'il frit soustrait le plus possible à tous les bruits venant de la surface. En notant attentivement les divers sons donnés par le microphone, M. de Rossi a pu les grouper en cinq classes, savoir : les roulements, les crépitements, les frémissements, les coups isolés ou de mousqueterie, et les sons métalliques ou de cloche. Il a trouvé que les deux premières sortes de sons étaient causés par les rumeurs locales et

artificielles, et que l'on pouvait les reproduire à volonté. Les frémissements ne peuvent être reproduits qu'en faisant éclater une mine dans un souterrain éloigné du lieu où se trouve le microphone, ou bien en frottant l'un contre l'autre les fils conducteurs de l'appareil. Les frémissements, ainsi que les deux dernières sortes de bruits microphoniques, qui ne peuvent pas

être reproduits sous l'action de bruits ordinaires 'exogènes, doivent être d'origine endogène. M. de Rossi, en observant le micro-

phone pendant de petites secousses de tremblement de terre

sensibles, a remarqué, en effet, que les secousses étaient précisément précédées et 'accompagnées des bruits microphoniques spéciaux des trois dernières catégories. Pour compléter sa démonstration, M. de Rossi a porté le microphone à la Solfatare de Pouzzoles et au Vésuve. Au premier endroit, le microphone a donné de forts frémissements accom,1878, et Meteorologia endogene, (0) M. S. de Rossi. Bull. del vulc. Le comte C. Mocenigo, à Vicence, appliqua aussi, en 1878, t. Il, I. 1, c. lx. le microphone à l'étude des phénomènes endogènes.