Annales des Mines (1886, série 8, volume 9) [Image 144]

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262 ÉTUDE DES MOUVEMENTS DE L'ÉCORCE TERRESTRE

du sol, inappréciables par les sens (*). En

1783,

l'astronome

Oriani, à Milan, et le mécanicien Salsano, à Naples, constatèrent

des mouvements insensibles du sol pendant le grand tremble. ment de terre des Calabres de cette même année. Au commencement de ce siècle, l'astronome Angelo Cesaris étudia attentivement les petits mouvements du fil à plomb d'un quadrant mural et de l'instrument des passages à l'observatoire astronomique de Brera, à Milan ("") il ne leur attribua pas une

origine endogène ou sismique, niais il les mit sur le compte d'actions diverses exercées sur les murailles ou les fondations de l'édifice par des agents atmosphériques, chaleur, humidité, sécheresse, etc., explication qui sera reproduite plus tard. Delcros, le 17 septembre 1805, pendant qu'il faisait des observations géodésiques dans les Vosges, constata de fortes oscilla-

tions dans la bulle de son niveau, sans avoir remarqué de secousse sensible de tremblement de terre. Le même phénomène

fut observé par lui une autre fois à Narbonne, en 1832. De nombreuses observations ont été faites avec le plus grand soin par M. d'Abbadie sur les variations des bulles de niveaux en

1837

au Brésil, puis en Abyssinie et en France (***). Il constata

ainsi que la surface terrestre est sujette à de lentes

et très

petites oscillations, entrainant des changements de la verticale. M. Plantamour, dans ces dernières années, a répété ces délicates expériences en Suisse et obtenu des résultats semblables (""**). § 2.

Études modernes faites en Italie sur les mouvements microsismiques.

En 1855-56, le chanoine Pamietti, d'Alexandrie en Piémont, fit de nombreuses et délicates expériences sur les petits mouvements spontanés du pendule, en apparence tranquille. Mais ces obser(*) Perrey. Suppléments aux notes sur les tremblements de terre 18131868, p. 67 des Mém. cour, de l' Acadénzie belge, t. XXIII. (Perrey cite encore d'autres observations microsismiques faites par les astronomes M. Wagner, par exemple, à l'observatoire de Pulkowa, a observé des mouvements

insensibles du sol en 1846, 1849, 1861, 1863 et 18674 (**) Angelo Cesaris. Sul movimento oscillatorio et periodico delle fabriche (Ephémerides astronomiques de Milan, 1813-1814). ("*") A. d'Abbadie. Etudes sur la verticale (1871-). (*"*") Plantamour. Sur le déplacement de la bulle des niveaux h bulle d'air. Comptes rendus de l'Acad. des sc. de Paris, juin 1878. Plantamour. Sur les mouvements périodiques du sol. Ibidem, février 1881.

ET DES DÉGAGEMENTS DE PRODUITS GAZEUX.

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vations restèrent isolées et peu connues jusqu'à ce que le p. Bertelli, en 1870, en observant attentivement un simple sismo-

mètre à pendule, y nota de fréquentes oscillations, sans que d'ailleurs on eût ressenti de secousses de tremblement de terre. Pour prouver que ces petits mouvements y sont vraiment d'ori-

gine sismique, il chercha à éliminer toute cause d'erreur en isolant son pendule et en le plaçant sur un support très stable, pour le protéger contre les vibrations provenant des mouvements locaux de l'édifice. Il eut de plus l'idée heureuse d'appliquer à ces observations un microscope muni d'une échelle micrométrique. Bertelli appelle tromosismomètre le premier instrument inventé par lui pour observer non seulement les tremblements de terre sensibles, niais aussi les mouvements microsismiques, c'est-'a-dire insensibles et microscopiques, du globe. Avec le tromosismomètre, le P. Bertelli observe non seulement les plus petits mouvements d'oscillation et de vibration verticale du pendule, mais encore il constate l'abaissement et le soulèvement lents du sol, révélés par les variations de la verticale, c'est-à-dire par les changements de position du pendule, tant oscillant que tranquille. Quelque nombreuses et délicates qu'eussent été les observations du P. Bertelli, quelques sismologues, et spécialement le professeur Monte, de Livourne, doutèrent de l'origine endogène des mouvements microscopiques du pendule tromométrique. Monte, par ses propres expériences exécutées à l'observatoire de Livourne, a prétendu démontrer que les petites oscillations du pendule, réputées de nature sismique, sont au contraire pro-

duites par le vent, les variations de température et diverses causes accidentelles de vibration mécanique du sol.

Il a été dit plus haut que telle était aussi l'opinion de l'astronome Angelo Cesaris. Monte observa que les petites déviations du fil à plomb étaient en général plus grandes pendant les passages

brusques de l'atmosphère, de l'état de grande sécheresse à celui de grande humidité, de l'état de calme au vent, du froid à. la chaleur; elles étaient surtout sensibles dans le cas de vent très

sec et violent ou de pluies prolongées. Il remarque que le fil méridien de l'instrument des passages se déplace vers l'Est jusque vers la fin du milieu du jour, puis par degrés insensibles et dans des intervalles de temps égaux revient le soir à sa position primitive. (Cesaris avait noté que cette déviation était jusqu'à cinq ou six fois plus forte dans les journées sereines et très chaudes de l'été que dans les jours purs et sereins de l'hiver.)