Annales des Mines (1883, série 8, volume 3) [Image 157]

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NOTE SUR LES EXPLOSIONS DE GRISOU

long de io mètres, avec une section de 2rn,15 de haut sur 2rn,59 de large (fig. 2, Pl. V). Ce travers -bancs avait été exécuté en cul-de-sac, en aérant le chantier au moyen d'une cloison qui partageait en deux la galerie. Une fois ce travail achevé, on avait ouvert dans la couche, de l'ouest vers f est, une galerie en retour qui allait rejoindre la faille, puis établi en E un petit puits incliné montant, suivant la ligne de plus grande pente de la faille, de manière à regagner le quartier Forster et compléter le circuit d'air. Mais, deux mois environ avant l'accident, un éboulement s'était produit en E, dans la faille, et avait obstrué le circuit. On avait alors rétabli provisoirement l'aérage au moyen de cloisons, dont la fig. 2 fait comprendre la disposition et le fonctionnement. Dans le travers-bancs, la cloison était formée d'une seule épaisseur de briques de LI, renforcée à des intervalles réguliers par des contreforts additionnels de même épaisseur. Dans la couche de houille, les cloisons étaient tout simplement en planches, avec du ciment dans les joints. Le courant d'air qui entrait dans le travers-bancs, et qui avait déjà fait un trajet d'une lieue dans la mine, avait ainsi à parcourir 58o mètres avant d'arriver en regard du point E ; puis il devait revenir en

sens invarse, de l'autre côté des cloisons, sur une longueur de 275 mètres, jusqu'au petit puits intérieur B par où il achevait de gagner le niveau de la couche. « Or, dit le rapport au Parlement, on savait fort bien qu'on lencontrerait une quantité considérable de gaz dans le district de la Comtesse, et en prévision de ce danger, on ne permettait que l'emploi des lampes Geordy au delà du

travers-bancs, tandis que la lampe Davy était employée dans d'autres parlies du charbonnage. Différents ouvriers ont dit avoir vu du grisou dans ce district ; il est vrai qu'il était généralement localisé dans la galerie en retour, et dans le compartiment de retour d'air derrière la cloison. Sa présence, néanmoins, en petite quantité, fut également

SURVENUES DANS LE BASSIN DU DURHAM.

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constatée à plusieurs reprises aux fronts de taille des chantiers. Il paraît qu'on connaissait communément la présence d'un dégagement de gaz dans le voisinage de l'éboulement, au bout de la galerie en retour ; cependant, le personnel

dirigeant de la mine ne jugea pas nécessaire d'examiner la place ni de prendre aucune précaution pour prévenir l'accumulation du grisou. Depuis l'époque de l'éboulement, non seulement l'on n'inspecta jamais le compartiment de retour d'air, mais même le compartiment d'entrée d'air de

la galerie en retour ne fut examiné que juste assez pour constater qu'il contenait du gaz en quantité considérable; après quoi on le laissa sans prendre aucune précaution pour prévenir le danger. » Si l'on ajoute que dans ces conditions on laissait les ouvriers travailler, comme si de rien n'était, aux chantiers voi-

sins du pied du travers-bancs, et que la réfection du puits E pour le rétablissement d'un aérage raisonnable n'était encore ni commencée ni ordonnée après deux mois de cet état de choses, on reconnaîtra qu'une explosion de grisou était inévitable. Cette explosion eut lieu dans la soirée du 25 avril, alors que cinq hommes étaient dans les travaux, savoir : deux au chantier le plus reculé et trois au pied du travers-bancs. L'un des deux premiers, seul, parvint à gagner le sommet du travers-bancs ; les quatre autres périrent.