Annales des Mines (1883, série 8, volume 3) [Image 132]

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DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES

à Poitiers, en 1847, il étudia les bassins houillers du département de la Creuse, qui firent l'objet d'un ouvrage spécial, paru en 1868. Durant son séjour à Poitiers (de 1847 à 1852), à la suite de diverses explorations, il écrivait

la Classification des roches et filons du plateau central, sujet qu'il traita plus tard en détail devant la Société géologique de France (1.865) et devant la Société de Lyon (t855-56 et 1857). La haute notoriété que M. Gruner s'était acquise dans le département de la Loire le désignait naturellement pour le poste de directeur de l'École. de Saint-Étienne : il y fut appelé en 1852. Les six années qu'il y passa (1852-1858) furent comme le départ d'une carrière nouvelle : ses remarquables travaux géologiques, tout en l'occupant toujours, ne l'absorbaient plus exclusivement. L'École de Saint-Étienne, sous la direction d'un pareil chef, au milieu d'un monde sympathique d'ingénieurs, ses anciens élèves pour la plupart, pros-

pérait et grandissait. L'ancien professeur de métallurgie se recueillant dans le laboratoire, où il avait entrevu plus d'un problème à résoudre, reprit d'abord ses premières études sur les combustibles. En 1852,1854 et 1855 paraissaient dans les Annales des Mines les résultats de ses le-

cherches sur la Classification des houilles de la Loire et de la Creuse. A cette époque aussi les progrès de la grande industrie faisaient présager des transformations prochaines dans l'art des mines et plus encore dans l'art. métallurgique. C'est alors que M. Gruner, avec quelques. collaborateurs dévoués, eut la pensée de fonder la Société de l'industrie minérale, société d'ingénieurs réunis dans le louable but de s'exciter mutuellement au progrès par des assemblées et par des publications périodiques. Le succès de cette création s'est affirmé rapidement : la Société a grandi et tient aujourd'hui une place dont l'honneur revient n'a t-il pas aspour la majeure part à son fondateur :

DE M. L. GRUNER.

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nifé ses premiers pas, en y publiant ses propres travaux de 1855 à 1858, et en la soutenant de ses conseils, après avoir quitté Saint-Étienne pour venir occuper la chaire de métallurgie à l'École de Paris (1858) ? De ce moment datent ses travaux métallurgiques les plus Après une série nombreuse de mémoires sur

importants.

toutes les questions sidérurgiques, qui, depuis 1858 ou 1860, préoccupaient les savants autant que les industriels, fabrications nouvelles de l'acier , de'phosphoration des fontes, aciers et fers , emplois des gaz et des hautes températures etc., après divers mémoires sur les mé-

tallurgies du plomb et du cuivre,

M.

Gruner tint à

laisser de ses études métallurgiques, comme il l'avait fait de ses études géologiques, un témoin plus marquant que des notes et mémoires disséminés dans des recueils pério digues : en 1872, l'année même où il quittait les fonctions de professeur et d'inspecteur de l'École des Mines pour prendre le poste le plus élevé du Corps des Mines, la viceprésidence du Conseil général, il entreprenait la préparation d'un grand Traité de métallurgie. Sans que cette oeuvre nouvelle l'ait un seul instant détourné des hautes fonctions qu'il remplit jusqu'à l'heure de sa retraite, en 1879, il faisait paraître le premier volume de ce traité en 1875, puis la moitié du second en 1878 ; la suite était en préparation quand la mort est venue le surprendre.

A cette rapide et incomplète esquisse des travaux de notre chef regretté, est-il besoin de rien ajouter pour montrer à quel point il aima le travail ? Mais comment ne pas rappeler que cette tâche accomplie, tout énorme qu'elle paraisse, ne suffisait pas à occuper sa vie? Les aptitudes merveilleuses de sa forte intelligence n'étaient pas les seuls attraits de cette nature d'élite sous les manifestations de l'esprit, on sentait, chez lui, toujours battre le coeur ! Sévère à lui-même, bon, indulgent aux autres, on peut dire qu'il n'aspirait qu'à rendre service.