Annales des Mines (1882, série 8, volume 2) [Image 24]

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P. G. F. LE PLAY,.

NOTICE BIOGRAPHIQUE.

tale de toute réaction chimique est un contact intime entre les deux agents destinés à la produire. Il faut donc pour le succès de l'opération qu'un de ces agents au moins soit amené à l'état liquide ou gazeux. Quand cette condition est remplie et que la réaction commence à la surface de chaque fragment solide, celle-ci se propage rapidement dans l'intérieur du fragment en vertu de la faculté d'infiltration propre aux fluides. Cette conclusion, qu'on peut tirer à priori de la constitution moléculaire des corps, se trouve établie plus fermement encore par l'observation de tous les faits chimiques. Le carbone mis en présence de corps oxydés semble faire exception à la règle : son pouvoir réducteur s'exerce jusqu'au cur même des fragments d'oxyde. Cette anomalie avait depuis longtemps attiré l'attention des chimistes et des physiciens, qui, ne sachant l'expliquer, caractérisaient ce mode de réduction par le mot spécial de cémentation. La théorie proposée par Le Play donne l'explication la plus naturelle du phénomène. L'on reconnaît par l'expérience qu'en cémentant les oxydes métalliques à l'aide du carbone solide, on les plonge en réalité dans une atmosphère où domine le gaz oxyde de carbone. Si donc ce gaz a la propriété de réduire tous les corps oxydés réputés réductibles par le carbone, l'action du carbone solide rentre dans les lois ordinaires de la chimie. Le carbone solide n'est plus qu'une matière première servant à préparer le gaz réducteur ; la réduction de l'oxyde métallique par

l'oxyde de carbone produit de l'acide carbonique, et ce dernier, en régénérant au contact de la brasque son équivalent d'oxyde de carbone, contribue indéfiniment au progrès de la réaction. Ainsi exposée, la théorie donnée par Le Play semble des plus simples ; le problème de l'oeuf

,attribué à Christophe Colomb ne parut-il pas aussi des

plus faciles, lorsqu'il en eut fait voir la solution? La théorie des fourneaux à courant d'air forcé n'était pas moins obscure que celle de la cémentation des oxydes.

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Les métallurgistes admettaient comme point de départ que les minerais oxydés se réduisaient dans ces fourneaux par cémentation sous l'influence du carbone solide.

Après une étude approfondie des fourneaux à tuyères, Le Play a démontré, théoriquement et pratiquement, le rôle

qu'y joue l'oxyde de carbone, bien que la réduction des oxydes y soit due à des réactions essentiellement différentes

de celles qui constituent la réduction par cémentation en vase clos. En effet, les enceintes de cémentation sont, entre autres circonstances, caractérisées par les conditions suivantes

i° l'oxygène nécessaire à la génération de

l'oxyde de carbone est fourni par l'oxyde à réduire; 2° la chaleur nécessaire à la réduction est produite en dehors de l'enceinte de réduction et indépendamment de la réaction chimique qui engendre l'oxyde de carbone. Dans les fourneaux à tuyères : 10 l'oxygène nécessaire à la production de l'oxyde de carbone est fourni par l'air atmosphérique; 2° la chaleur se développe dans l'enceinte même où a lieu la réaction, et ce développement de chaleur est intimement

lié à la production de l'oxyde de carbone. Entre les deux classes d'appareils, il n'existe qu'une seule analogie : c'est

l'identité de l'agent gazeux qui produit la réduction des corps oxydés. Je n'insisterai point davantage, renvoyant au mémoire de Le Play le lecteur curieux de suivre, dans tous ses détails, l'étude de phénomènes que l'auteur a éclairés d'une lumière toute nouvelle et dont il a donné la théorie, actuellement professée dans tous les cours et dans tous les traités de métallurgie. Le tome III de la A° série (18/13) renferme un mémoire sur la fabrication de l'acier dans le Yorkshire, avec consi-

dérations ayant trait à l'état actuel et à l'avenir probable de la fabrication de l'acier sur le continent européen et particulièrement en France. Comme suite à cette publication, Le Play a donné, trois ans après, dans le tome IX, un nouyeau mémoire, concernant la fabrication et le commerce des