Annales des Mines (1882, série 8, volume 1) [Image 283]

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EXPÉRIENCES SUR LA PRESSION DU GRISOU

Lorsque la houille sera en contact avec une couche de grès poreuse, le grisou s'y accumulera s'il est retenu par une couche imperméable supérieure, et le grès constituera un autre niveau de gaz. La théorie permet donc de comprendre les diverses circonstances et les singulières variations que présente le gisement du grisou.

Elle peut aussi expliquer les particularités non moins variées que présente le dégagement du grisou dans les travaux. Supposons un large front de taille ouvert dans une couche de houille ; au bout d'un certain temps, la pression du gaz,

en arrière du front de taille, est représentée, en un point donné par l'ordonnée d'une certaine droite AB (fig. 13) qui part de zéro au front de taille, et a pour coefficient angulaire

k

a

.

L'ordonnée de la droite est égale à la pression

DANS LA HOUILLE.

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abattue, et pour un même mode de gisement de grisou, le

dégagement sera aussi plus abondant dans une couche mince que dans une couche puissante.

Pour que les choses se passent avec la régulai-hé qu'on vient de supposer et pour que le dégagement du grisou reste normal, il faut que la houille possède une certaine ténacité. A un moment quelconque de l'abatage, une tranche superficielle de houille, d'épaisseur r, est soumise sur la face interne

à la pression h, et sur la face externe à la pression atmosphérique ho. Il faut donc que la ténacité de la houille soit ho. Si ro est petit susceptible de résister à la pression h

ho grand, ce qui arrivera lorsque rabatage sera et h poussé activement, lorsque H sera grand et a petit, h ho sera grand ; si en outre la ténacité du combustible est faible, il pourra arriver que la tranche de houille d'épais-

de gaz se fait dans les premiers instants avec une abondance relativement grande, et au bout du temps t, la répartition de la pression est marquée par la droite A'B'. Tel est le mode de dégagement normal du grisou pendant rabatage. On voit que ce dégagement est, toutes choses égales, d'autant plus grand qu'on s'avance plus rapidement dans l'intérieur du massif. Il vaut donc mieux avoir des chantiers très étendus que d'avancer rapidement un

seur r soit projetée en avant. Mais alors la tranche située immédiatement derrière celle qui a été projetée se trouve soumise à une différence de pression plus grande encore; elle sera projetée à, son tour et ainsi de suite. En un mot, la houille fera littéralement explosion, et des quantités énormes de gaz pourront être mises soudainement en liberté en même temps que des quantités correspondantes de houille seront réduites en poussière. Telle est l'explication des dégagements instantanés de grisou qui ont pris dans certaines régions de la Belgique un si funeste développement. Cette explication avait déjà été donnée par M. Arnould, et la théorie qu'on déduit des expériences de M. L. Wood la confirme pleinement. Dans les mines sujettes à ces sortes d'accidents il serait bien désirable qu'on pût, au front de taille des galeries qui pénètrent le plus profondément dans le massif, se rendre compte à chaque instant de la répartition de la pression,

chantier plus restreint. Pour une même quantité de houille

de manière à retarder l'avancement lorsque le taux de

maxima H, à une distance H du front. Si on laissait le front de taille intact, le débit superficiel ko irait en diminuant graduellement, et au bout du temps t la droite AB s'abaisserait en prenant la position AB, en même temps que H augmenterait. Si, au contraire, en abattant une certaine quantité de charbon, on avance le front jusqu'au niveau du point A, on met

brusquement à découvert une tranche de houille dans laquelle la pression est égale à l'ordonnée A'C'; le dégagement