Annales des Mines (1882, série 8, volume 1) [Image 109]

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MÉMOIRE SUR LA FORMATION

DE LA HOUILLE.

dans un marais. Elle repose sur une argile claire pareille au blanc-fond des marais tourbeux.

les herbes de marais ont tué les arbres, la tourbe se forme rapidement, partie de plantes herbacées, partie d'arbres

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couchés.

Conditions de formation des tourbes.

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On a dit et répété que, fréquente dans les régions hyperboréennes, la tourbe n'existe pas dans les pays chauds, où les plantes ne peuvent se convertir sans se corrompre ; il lui faut un climat froid et humide; la température la plus favorable est celle de G à 8'; c'est par 5o0 de latitude Nord ou Sud que se montrent les dépôts tourbeux les plus étendus et les plus épais ; les marais tourbeux de l'Alabama descendent cependant jusqu'au 31 degré (Lesquereux). La tourbe supra-aquatique ne prend naissance que sur un sol imperméable, dans une eau claire, acidulée par les produits ulmiques de la décomposition végétale, stagnante ou peu renouvelée, ce qui a pour effet d'empêcher l'accès de l'air (O. Heer), et aussi de maintenir l'eau antiseptique ; les eaux doivent être peu profondes et peu agitées (Lesquereux),

en tout cas non courantes. Enfin, d'après les observations de M. Belgrand, la tourbe immergée ne se forme dans les vallées assez larges à pente faible que quand il n'y a pas de crues trop fortes où lorsque les eaux des crues ne sont ni troubles ni limoneuses. Les plantes de la tourbe proprement dite sont au moins singulières : elles puisent leur nourriture là ou les autres

ne pourraient vivre, à cause de l'âcreté de la masse morte en voie de décomposition des acides carbonique et gallique qui conservent les débris végétaux. La tourbe de marais supporte déjà l'action des eaux courantes. HI.

TOURBES DE MARAIS BOISÉS ET DE FORÊTS MARÉCAGEUSES.

Dans les emplacements déprimés d'anciennes forêts où

D'après ce que m'en a écrit M. Lesquereux, l'entasse-

ment de bois de Kfitigge, près Copenhague, attribué au flottage par les naturalistes danois, résulte d'arbres ayant

poussé sur place dans un marais, et successivement renversés les uns sur les autres ; le phénomène est encore en activité, à proximité, dans un enfoncement couvert d'eau où les bouleaux croissent pressés, les uns inclinés, les autres debout, peu attachés par les racines sur un fond limoneux; les grands vents renversent parfois ces fourrés qui se reforment très activement. Le singulier gisement de Kifjgge est formé de bouleaux entassés les uns sur les autres presque sans mélange d'autres plantes, et ayant vécu sur place, parce que toutes les parties, depuis les racines jusqu'aux chatons, tiennent encore les unes aux autres. La partie supérieure de l'amas est composée d'écorces vides enchevêtrées de mille et mille façons

dans une boue ou pâte à moitié liquide résultant de la décomposition du bois.

J'ai eu l'occasion d'observer dans l'Oural une tourbe de forêt marécageuse, formée d'herbes et de débris d'arbres. Comme l'indique la fig. 8, l'UV, des souches sont enracinées dans sa partie supérieure à deux niveaux différents ; il s'en trouve aussi à la base et par places dans toute l'épaisseur de la couche de tourbe. De nombreuses buttes et branches sont couchées dans la masse et l'on voit qu'une partie importante dela tourbe, du moins celle du bas-fond, est formée de fragments d'écorces et de bois, de feuilles et autres débris transportés et déposés par les eaux ; dans la partie e, elle paraît composée exclusivement de végétaux charriés: il y a des écorces de bouleau aplaties ; quelques parties feuilletées sont formées d'humus et d'épidermes superposés ; ceux-ci sont noirâtres en bas et roux en haut du gîte. L'ensemble est Tome I, 1882.

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