Annales des Mines (1882, série 8, volume 1) [Image 53]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

88

ii

DU RÔLE DES POUSSIÈRES DE HOUILLE

différentes dont la réalisation pratique, très facile pour les uns, est, au contraire, presque impossible pour les autres. Les inflammations 'aux lampes à feu nu, très peu graves

d'ailleurs, se produisent aux points où l'on remue des quantités considérables de charbon, c'est-à-dire dans les chantiers, .au voisinage des culbuteurs et des trémies. Il est impossible en ces points d'éviter la production des nuages de poussières, mais on peut éviter d'une façon certaine tout danger en employant, au lieu de lampes à feu nu, des lampes à treillis métalliques ou même de simples lan-

ternes. Cette précaution, facile à réaliser, devra être employée toutes les fois que le charbon donnera des poussières facilement inflammables. On peut très rapidement s'assurer de la combustibilité ou de la non-combustibilité des poussières par le procédé que nous avons indiqué plus haut (*). L'inflammation par les coups de mines a toujours. été produite par des coups fortement chargés, débourrant au ras du sol, au voisinage d'une couche de poussières plus ou moins épaisse. Souvent aussi le coup avait été bourré avec de la poussière fine de charbon. La meilleure précaution à prendre pour éviter les accidents de cette. nature, surtout quand on tire un coup de mine au ras du sol, consiste à balayer la sole du chantier et les boisages sur une longueur de 5 mètres comptés à partir du coup de mine. L'arrosage serait moins efficace et généralement bien plus difficile à réaliser. Il va de soi qu'on ne doit dans aucun cas bourrer avec des poussières de charbon, il faut éviter aussi les coups trop fortement r,

chargés. Ces précautions sont particulièrement importantes quand on a affaire à des charbons donnant des poussières facilement inflammables, mais on n'oserait affirmer qu'elles sont complètement inutiles dans les autres cas. (*) VoIr page t",7.

DANS LES ACCIDENTS DE MINES.

89

On a reproché au balayage d'augmenter les dangers des poussières en facilitant leur mise en suspension. Le reproche est fondé si l'on considère l'instant précis auquel on fait le balayage ; il faut avoir soin d'éviter à ce moment le voisinage d'une flamme non protégée, d'une lampe à feu nu. Mais aussitôt l'agitation cessée, la poussière se dépose avec une extrême rapidité, et au bout de quelques secondes il n'en reste plus en suspension qu'une quantité très faible et tout à fait insuffisante pour former un mélange combustible, quoiqu'elle puisse encore exercer une action considérable sur nos organes, troubler notre vue et notre respiration. C'est là un fait d'expérience, mais un raisonnement

très simple permettrait de l'établir a priori. Pour qu'un mélange de poussière et d'air soit combustible il faut, d'après les déterminations de M. Galloway, qu'il renferme environ i p. ioo de poussière par mètre cube. La densité d'un

semblable mélange est double de celle de l'air. Supposons un tel mélange formé en un point d'une galerie ; à la surface de séparation de ces mélanges et de l'air pur, leur différence de densité produira des différences de pression de

1 mètre d'eau sur i mètre de hauteur. En vertu de cette différence de pression, l'air tend à se substituer au mélange à la partie supérieure, tandis que celui-ci tombe vers le sol. La vitesse avec laquelle l'air se précipite est, pour une différence de pression de 1 mètre d'eau, de 4 mètres par seconde. On voit donc qu'un mélange, de densité convenable pour être combustible, se détruit nécessairement avec une très grande rapidité. Les inflammations de poussières se produisant au milieu d'une explosion de grisou sont bien plus difficiles à prévenir, car les mesures de précaution doivent alors s'étendre à la mine tout entière. Ces précautions, du reste, seraient utiles pour toutes les mines grisouteuses quelle que soit la nature du charbon ; toutes les poussières de houille, en effet, deviennent combustibles quand elles ont été portées