Annales des Mines (1882, série 8, volume 1) [Image 38]

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DU RÔLE DES POUSSIÈRES DE HOUILLE

mèche de façon à avoir une flamme de 5 centimètres de hauteur; Un large bec de gaz ; Une grosse boule de papier enflammée. Ces expériences ont été faites dans le premier appareil où les poussières sont maintenues en suspension dans un courant d'air. Des poussières extrénement fines obtenues en broyant du charbon de Blanzy avec les meules à charbon employées

dans la fabrication de la poudre, et que nous devons à l'obligeance de M. le baron Thenard, se sont enflammées instantanément en arrivant sur les trois dernières sources de chaleur. Avec la flamme normale de la lampe Davy il s'est d'abord produit dans la masse quelques flammèches isolées, puis le tout s'est enflammé, l'ensemble de ces phénomènes successifs n'ayant pas duré plus de deux secondes. Des poussières de Blanzy recueillies dans les boisages des galeries, très fines, mais moins que les précédentes, se sont enflammées immédiatement avec le bec de gaz et la boule de papier; au bout de quelques secondes seulement avec la

lampe Davy ayant sa mèche montée. Mais avec la mèche basse l'inflammation ne se produisit qu'au bout d'un temps assez long, ou souvent ne se produisit pas du tout; il se formait seulement des langues de feu qui partaient .de la lampe, s'allongeaient jusqu'à 20 centimètres environ, puis s'éteignaient et étaient remplacées par de nouvelles. Des poussières très grossières ramassées à la pelle dans l'usine à gaz de la Villette se sont enflammées au bout de quelques secondes avec le bec de gaz et la boule de papier, ne se sont enflammées que rarement avec la lampe Davy ayant sa mèche montée et jamais avec la lampe clans son état normal.

Des poussières recueillies sur les boisages dans les mines d'Anzin ne se sont jamais enflammées. Il résulte de ces expériences qu'un mélange inflammable

DANS LES ACCIDENTS DE MINES.

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de poussière et d'air exige pour s'allumer une flamme ayant au moins un certain volume minimum, ce minimum variant avec la nature des poussières. Tien est de même pour les mélanges gazeux inflammables qui exigent pour s'allumer une étincelle électrique ayant au moins un certain volume minimum, ce minimum variant avec la nature du mélange. La seule différence est que dans les gaz le volume minimum est une fraction de millimètre cube, tandis que pour

les poussières il est de quelques centimètres cubes. En

faisant croître le volume de la flamme à partir de ce minimum, on augmente la rapidité de l'inflammation ; pour un certain volume, l'inflammation devient à peu

près instantanée et l'on ne gagne plus rien en accroissant encore les dimensions de la flamme. Ce volume maximum nous a paru, pour toutes les poussières que nous avons essayées, inférieur à un décimètre cube. Une boule de papier enflammée serait donc suffisante pour décider dans tous les cas de l'inflammabilité ou de la non-inflammabilité des poussières.

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Influence de la grosseur de la poussière. On a comparé la houille de Blanzy, broyée par les meules à charbon des poudreries avec les poussières de la même houille recueillies sur les boisages dans la mine; enfin des poussières grossières ramassées sur le sol de l'usine à gaz de la Villette, dans lesquelles il y avait des grains de plusieurs millimètres de côté. Ces poussières ont été d'autant plus inflammables qu'elles étaient plus fines; il fallait pour les allumer, comme nous l'avons dit plus haut, des flammes de moins en moins volumineuses. La grosseur des grains joue donc un certain rôle dans l'inflammabilité des poussières, mais il est secondaire puisque, en somme, des poussières de houille identiques ont été toutes trouvées inflamma-