Annales des Mines (1882, série 8, volume 1) [Image 14]

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DU RÔLE DES POUSSIÈRES DE HOUILLE

DANS LES ACCIDENTS DE MINES.

Des accidents analogues se sont produits à différentes reprises soit au fond, soit au jour, dans le Gard, à Com-

ras du sol et doublement chargé après un premier raté, débourra et alla brûler, à 50 mètres de distance, des ouvriers qui moururent huit jours après des suites de leurs

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mentry, à Anzin, etc. On peut immédiatement, de l'étude de ces accidents, tirer quelques conséquences intéressantes. On voit d'abord que des poussières en suspension dans

l'air pur peuvent former des mélanges combustibles. Ce fait a été nié par divers auteurs ; nous montrerons plus tard

que cette erreur provient de la nature particulière des poussières qu'ils avaient employées dans leurs expériences. Mais, d'autre part, la proportion des poussières qui existe normalement dans l'air d'un chantier, même très poussiéreux, est insuffisante pour donner un mélange combustible. Ces accidents se sont produits en des points naturellement très poussiéreux où l'on travaillait depuis longtemps avec

des lampes à feu nu qui n'avaient jamais occasionné d'inflammation. Il a fallu que l'intervention d'une action mécanique particulière vînt soulever une quantité de poussière assez grande pour donner un mélange combustible.

La combustion, du reste, est toujours restée limitée à certaines parties du nuage de poussières soulevé, vraisemblablement à celles qui étaient les plus denses.

Enfin, la combustion n'a jamais, ni dans l'un ni dans l'autre cas, été accompagnée d'explosion ; il n'y a pas eu mort d'homme. Les blessés en ont été quittes pour quelques brûlures. S

Inflammation de poussières occasionnée

par un coup de mine.

Campagnac (Aveyron) (2 novembre 1874) (*).

Dans un chantier en cul-de-sac un coup de mine tiré au (*) Annales des mines, 7' s., t. VII, 1875.

Mémoire de M. Vital.

blessures.; la charge de poudre totale était de 250 à 500g. Les ouvriers déclarèrent avoir vu s'avancer sur eux une flamme rouge remplissant toute la galerie. Ils furent surtout brûlés aux parties inférieures du corps; des fils à plomb suspendus au travers de la galerie ne furent détruits que dans le bas. Après l'accident on trouva des croûtes de coke sur les parois et sur les boisages. Jamais on n'avait vu de grisou dans ce chantier ; on y travaillait à feu nu. Pourtant il existait en d'autres points de la mine de légers soufflards ; des explosions de grisou s'étaient produites en 1872 et 1874. A la suite de ces accidents on avait prescrit l'emploi de lampes de sûreté pour les travaux en cul-de-sac ; on ne s'en servait pas dans ce chantier par infraction aux règlements. Le sol du chantier était couvert d'une couche de menus et de poussières ayant 5 centimètres d'épaisseur. Ces poussières donnaient à la distillation 55 oio de gaz. Des expériences de laboratoire, dont nous parlerons plus loin, ont montré que leur Mélange avec l'air seul était combustible. Les faits précédents semblent indiquer assez nettement un accident dû aux poussières : la mine était peu grisouteuse,

le chantier ne l'était pas et il n'y avait pas de vieux travaux au voisinage du point où l'accident s'est produit ; les poussières étaient abondantes et facilement combustibles; les effets calorifiques les plus intenses se sont produits au voisinage du sol. Néanmoins la mine était grisouteuse et les moyens de reconnaître le grisou sont encore si iinparfaits, qu'on ne peut affirmer que le grisou n'ait joué aucun rôle dans cet accident ; cela est cependant extrêmement vraisemblable.

On peut chercher à se faire une idée du volume d'air et de poussières qui a brûlé dans cet accident, volume qui