Annales des Mines (1881, série 7, volume 19) [Image 187]

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DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES

et qu'elle fauche; pour nous les enlever contre les lois ordinaires, de si heureux dons naturels.et les meilleures

promesses de l'avenir. Que Bonnefoy fût aimé et estimé des jeunes hommes de son âge et dans l'intimité de qui il vivait, leur présence à ce convoi en si grand nombre, les soins touchants que plusieurs d'entre vous avez pris de ses funérailles et de son cercueil, pieusement veillé toute cette nuit, en témoignent plus que ne pourraient le faire mes paroles. A nous, ses chefs, qui le voyions moins souvent et l'appréciions surtout par ses oeuvres, il nous avait inspiré une véritable affection. Toutes les questions qu'il avait à traiter étaient aperçues par lui avec une vue très nette et un excellent jugement. Il ne s'épargnait aucune peine pour les étudier à fond et les exposait avec talent. Sa modestie, si sincère et si simple, rehaussait son mérite. Son zèle l'avait poussé à se faire attacher à la Carte géologique détaillée de la France, et il avait reçu la mission de préparer la feuille de Clermont; c'était un grand et long labeur qui ne pouvait être mieux confié. Vous avez su avec quelle ardeur et quel plaisir il parcourait, le marteau à la main, cette belle contrée et ces curieuses montagnes de l'Auvergne.

Il a succombé, comme au champ de bataille, victime de. son devoir orofessionnel et de sa ferme volonté de n'en rien omettre. Hélas! après un tel événement, on désirerait qu'elle eût été moins scrupuleuse ; mais il se refusa à

différer cette funeste visite aux mines de Champagnac, motivée par une constatation d'accident, bien qu'elle contrariât ses projets et que d'autres obligations de service, auxquelles il était appelé en même temps, en eussent rendu le retard légitime. Notre pensée s'est souvent portée sur son respectable père dans ce voyage de douleur qu'il a fallu précipitamment entreprendre. Rien assurément ne pourra remplir le vide

que ce fils laisse en son coeur. S'il était des consolations

1. BONNEFOY.

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en des circonstances si dures, elles se trouveraient dans ces regrets universels qui accompagnent les siens.

Adieu, cher Bonnefoy, votre mort, malgré votre jeunesse, peut-être devrais-je dire en partie à cause d'elle, laissera parmi nous et dans cette ville une trace longue et profonde. DISCOURS DE NI. L'INSPECTEUR GÉNÉRAL DE CHANCOURTOIS.

Messieurs, Marcel Bonnefoy, qui vient de périr à vingtsept ans, dans l'accomplissement de l'un des devoirs les plus importants de ses fonctions d'ingénieur du corps des mines, était sorti le premier de l'École polytechnique en 1875.

Né auprès de Paris, il était complètement étranger à la ville de Clermont, lorsqu'il y fut appelé il y a deux ans. ; mais aux témoignages d'intérêt particulier dont il est l'objet, à l'émotion générale qui s'est manifestée pendant cette triste cérémonie, on voit bien que par ses qualités personnelles il y avait déjà conquis le droit de cité, Les membres de la grande famille polytechnique, si éminemment représentée à Clermont où elle a la bonne fortune de compter dans ses rangs le maire de la ville, l'avaient d'ailleurs accueilli avec leur bienveillance habituelle. Dans un élan commun, tous ont voulu, avant l'arrivée de son malheureux père, préparer les honneurs funèbres de ce dernier départ vers la terre natale. L'École des mines se trouvant de passage à Clermont, ses jeunes camarades viennent en habit de travail se joindre au cortège, et comme son plus ancien maître, au nom de toute l'École, je dois à mon tour rendre hommage à sa mémoire. La courte carrière de Bonnefoy a été bien remplie. Les mémoires sur les terrains schisto-cristallins et les gîtes de