Annales des Mines (1881, série 7, volume 19) [Image 174]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR M. ROCHE.

NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR M. ROCHE.

elle atteignit Anadjîd (19 janvier), dans l'Oued Igharghar, L'itinéraire se raccorde en ce point au tracé de Ouargla à El Beyyodh, avec prolongement par l'Oued Igharghar. A partir de là, le colonel Flatters se proposa de suivre l'ancienne route commerciale entre Ouargla et les États Haousa, par la saline d'Arnadhôr et les oasis d'Aïr. L'Oued Igharghar, un peu en aval d'Amdjîd, se trouve resserré entre le Tassili des Azdjer et les monts Iraouen,

tous deux dévoniens, s'élargit beaucoup en amont, vers le sud, et forme une immense plaine bornée à l'est par le même plateau de Tassili, et à l'ouest par le plateau de Mouydir, également dévonien. Au delà, le terrain change, et Roche découvre une formation puissante de gneiss et de micaschistes. Ce sont eux qui constituent sur le bord occidental les monts Ifettesen, au profil dentelé, et du côté oriental la série des chaînes de montagnes de l'Egueré. On s'engage dans l'Egueré, on remonte l'Oued Tedjert, puis l'Oued Alouhaï. Au fou d de cette dernière vallée, Roche trouve

une coulée de basalte; il l'a déjà suivie sur 20 kilomètres de longueur. Des coulées semblables, venant de points situés plus au sud, semblent occuper le fond des vallées voisines.

Là s'arrêtent les renseignements. C'était le 29 janvier. On était à Inrhelman Tikhsin, au sud de l'Egueré. Nos voyageurs avaient parcouru plus de 12oo kilomètres depuis Ouargla, dans un pays que jamais pied européen n'a foulé. Ils arrivaient en vue de la saline d'Am adhôr, fameuse dans l'histoire des relations passées entre les États Barbaresques et le Haousa. Les découvertes allaient se multiplier. Bientôt

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Le désastre dut avoir lieu vers le 16 février. La mission longeait le flanc oriental du grand massif du Ahaggar, sur le chemin de l'Aïr. Elle devait se trouver à 7 journées de marche du puits d'Asiou, dans une région appartenant déjà au bassin du Niger, vers le 22e degré de latitude. Elle était encore sur le territoire des Touareg Ahaggar. Tout porte à croire que le massacre a eu lieu avec la complicité de leur chef Ahitârhen, et à l'instigation des Oulad Sidi Cheikh, ces princes religieux, jadis nos serviteurs, aujourd'hui nos implacables ennemis, dont l'influence occulte s'étend du sud de la province d'Oran, où ils sont réfugiés, dans le Sahara algérien, jusque dans le Touat, et même chez les Touareg,

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dans la tribu des Oulad Mesa'oud.

Tout le monde a lu et relu les circonstances du drame. On terminait une étape. On devait s'arrêter auprès d'un puits, qui, d'après le guide, était au sud-ouest. Le guide prétendit s'être trompé et l'avoir dépassé. Il conseilla au colonel de camper, prétextant qu'il n'y avait pas de pâturage ailleurs. Le colonel donna l'ordre de poser le camp. Les chameaux déchargés furent envoyés au puits. Le colonel, le capitaine Masson, les ingénieurs Béringer et Roche, le docteur Guiard et le maréchal des logis Dennery prirent les devants et partirent en reconnaissance du même côté. Le pays était accidenté. Le puits se trouvait à une heure environ du camp, au milieu d'une vallée aux flancs noirs et escarpés, découpés par des ravins. Quand on fut arrivé, Béringer et Roche, comme toujours actifs et insouciants du danger,

se détachèrent et allèrent seuls explorer la

le désert allait finir, et la zone des pluies tropicales commencer. Bientôt on allait voir le Soudan. ,( Si les choses

vallée.

continuent à aller bien, écrivait le colonel, nous irons à la mer par Sokoto et l'embouchure du Niger. » Projets grandioses que la France suivait avec une attention palpitante,

tournant, il aperçut des masses d'hommes s'avancer vers

et que la plus odieuse des trahisons devait réduire à

bride, et,

néant !

Le colonel examinait le pnits, quand tout à coup, se relui, Il les Poing, il

salua, mais voyant qu'ils avaient le sabre au

courut à sa monture : son propre guide tenait la comme le colonel mettait le pied à l'étrier, le traî-

tre lui donna un premier coup de sabre. Le capitaine