Annales des Mines (1881, série 7, volume 19) [Image 123]

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ÉLOGE DE VICTOR REGNAULT.

ÉLOGE DE VICTOR REGNAULT.

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gnault atteignit une lampe dont le verre, brisé par le choc, vint, en tombant, pénétrer dans son il gauche, faire craindre la perte de l'organe et rendre, en tout cas, un long repos nécessaire. Malgré cet échec, Regnault sortait

certaines matières, dont il soustrait l'hydrogène en prenant

au premier rang à la fin de ses études. Après deux

classiques, en suivit toutes les étapes depuis le point de

ans

passés à l'École des mines, il visitait les houillères d'Anzin, examinait les procédés métallurgiques de la Saxe et s'arrê-

tait enfin parmi les élèves de Liebig, dans le célèbre laboratoire de Giessen. Ses journaux de voyage, fort, remarqués au conseil des mines, le signalaient comme l'une des espérances de ce corps célèbre. Les professeurs de l'École pelytechnique, de leur côté, s'étaient promis d'y rappeler Regnault dès qu'une place de répétiteur deviendrait vacante ; il était propre à toutes. Le hasard en décida. Après un séjour momentané à Lyon, où il avait été chargé du cours de chimie de la Faculté, comme suppléant de notre confrère, M. Boussingault, il rentrait a l'École polytechnique en 1836, attaché à la chaire de GayLussac. Quelques mois après, il contractait, avec M"' Clément, cette union que leur enfance avait préparée et à laquelle les grâces ineffables de la jeune épouse, ainsi que les brillants débuts du jeune savant, semblaient promettre la plus enviable destinée.

Les mémoires consacrés à des études de pure chimie, que Regnault publia d'abord, prouvent que toutes les théories de cette science lui étaient familières, qu'il possédait à un degré peu commun le maniement des procédés les plus délicats de l'analyse, ainsi que l'art difficile de combiner les expériences propres à conduire à des résultats solidement acquis. On s'occupait alors avec ardeur de chimie organique; ses recherches sur les alcalis végétaux fixèrent toutes les incertitudes sur leur véritable composition.

L'étude de l'action singulière que le chlore exerce sur

sa place, commençait

à faire pressentir le rôle auquel la

théorie des subtitutions était destinée ; Regnault en réalisa les exemples les mieux choisis, et, par des travaux restés départ jusqu'à l'extrême limite.

L'eau est si souvent alise en contact avec les métaux, dans les recherches scientifiques du laboratoire ou dans les procédés pratiques de la métallurgie, qu'on ne vit pas sans surprise ses expériences signaler des réactions imprévues

dans les rapports de ce liquide avec les métaux les plus Com1111111s.

Enfin, on s'était contenté, pour l'appréciation de la valeur des divers combustibles, des procédés les plus vulgaires; Regnault fit voir que les anthracites, les houilles, les tourbes et les bois possèdent, comme sources de chaleur, des propriétés liées à leur composition, et tous les jours on applique dans les ateliers les règles qu'il a déduites

de ses analyses, pleines d'intérêt, d'ailleurs, pour la géologie.

Qui ne connaît du reste, non seulement en France mais à

l'étranger, où les traductions l'ont rendu populaire, l'excellent Traité de chimie publié par notre confrère, lorsqu'il fut chargé de l'enseignement de cette science à l'École polytechnique? Dans ce livre plein de bon sens, écrit avec ordre et clarté, gardant un juste équilibre entre les résul-

tats de l'observation et les conceptions de l'esprit, on trouve cependant une lacune. Rien n'y rappelle la marche des inventeurs, les hasards qui ont guidé leurs premiers pas, les efforts de sagacité ou de génie qui les ont conduits au but. Ce traité prépare le lecteur à répondre correctement au plus exigeant examen ; il n'éveille ni la curiosité féconde qui dirige vers l'étude des oeuvres originales, ni le sentiment de la méthode à laquelle les découvertes des maîtres sont dues. Malgré la perfection des ouvrages ayant