Annales des Mines (1880, série 7, volume 18) [Image 269]

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CRISTAUX ÉPIGÈNES DE CUIVRE MÉTALLIQUE

redressées, forment un angle de 700 avec l'horizon et leur direction est de N. 3o° O. ; les mineurs les nomment vetas, filons (par l'habitude qu'ont les mineurs de Bolivie de ne voir des minerais métalliques que dans les filons). Les cou-

ches BB, nommées par les mineurs ramas, sont moins riches en cuivre que les précédentes ; elles se composent principalement de matières argileuses, de sables quartzeux

et de quelques lits de grès à ciment argileux. C'est dans ces couches argileuses B qu'on rencontre disséminés les cristaux d'aragonite pure et d'aragonite métamorphosée. Les ramas, ordinairement pauvres en matière métallique, sont moins inclinés que les précédentes, ne forment qu'un angle de 45° avec l'horizon et leur direction est de N. 20°0; mais on les trouve toujours très accidentées, coupées par

des failles, et par des fentes remplies de matières argileuses. Les vetas A les plus riches en cuivre métallique sont celles

qui se rapprochent le plus du plan de contact des deux systèmes de stratification telles que V, V, et à mesure qu'elles s'en éloignent leurs strates deviennent moins inclinées et moins productives, de sorte qu'à une distance de ce plan de contact, égale environ à 2 kilomètres 1/2 pour les vetas et à i kilomètre pour les ramas, les travaux de mines deviennent complètement stériles. Les travaux d'exploitations se prolongent dans le sens de la ligne de jonction et d'écartement de ces deux formations, sur une étendue de 3 kilomètres du Nord au Sud. Tout ce terrain, si f on excepte quelques traces de charbon, accidentellement pénétré de cuivre métallique qu'on rencontre dans certaines couches de grès ou d'argile, est dépourvu de fossiles et de toute espèce de restes organiques. M. Sotomayor,qui continue à faire une étude minutieuse du gisement de cuivre natif de Coro-Coro, attribue l'origine de l'immense quantité de ce cuivre à la réduction du sul-

PROVENANT DES MINES DE CUIVRE DE CORO-COBO (BOLIVIE). 557

fate de cuivre (apporté probablement par les eaux provenant des deux Cordillières où se trouvent des dépôts métallifères abondant en pyrites cuivreuses en décomposition), par le sulfate de protoxyde de fer, en présence du sel marin; devant résulter de cette réduction le sulfate de sesquioxyde

de fer, qui à son tour, décomposé par la chaux, a dû produire le gypse et le fer hydraté que renferment les couches de grès chargées de cuivre métallique. Le fait est que l'ensemble de ces deux systèmes de stratification en discordance, composée de conches perméables aux liquides et qui s'unissent aux deux chaînes des Cordil-

lières, semblerait avoir formé dans le temps une énorme pile, dont les foyers de dégagement d'électricité seraient peut-être ces deux Cordillières qui renferment dans leur sein des matières métalliques en décomposition, et les électrodes ces mêmes couches aux extrémités desquelles se trouve actuellement l'immense dépôt de cuivre réduit. Santiago, le 21 mai 1878.