Annales des Mines (1880, série 7, volume 18) [Image 128]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

2 54

ÉTUDE DES MOYENS PROPRES A PRÉVENIR

à une asphyxie inévitable les hommes qui auraient pu échapper aux effets mécaniques et à l'action délétère du grisou proprement dit. Dans l'accident du 14 février 1877, au puits Sainte-Barbe de Graissessac, que je cite comme exemple à cet égard, bien que le grisou paraisse y avoir exercé beaucoup plus d'action que les poussières, M. Rascle a constaté que, sur 59 victimes retirées, trois seulement portaient des traces de brûlures ayant pu occasionner la mort. Les autres avaient péri par l'asphyxie (1). On a à cet égard agité la question de savoir si l'oxyde de carbone ne venait pas dans ces circonstances ajouter son influence toxique à l'action asphyxiante de l'acide car. bonique (2). Cette opinion a été basée sur ce qu'on avait trouvé des lampes allumées au milieu d'ouvriers morts ; cette circonstance semblant prouver que ces derniers avaient dû être empoisonnés par un gaz qui ne supprimait pas par lui-même la combustion. Mais, sans vouloir nier à priori

la possibilité de la présence de ce gaz redoutable, on ne peut accepter comme une preuve définitive le raisonne-

LES EXPLOSIONS DU GRISOU.

I

2 55

effets en apparence inverses et que souvent les lampes

refusent de brûler sans qu'on éprouve encore de gêne décisive pour la respiration. M. Théna.rd estime à priori, d'après les conditions mêmes de la combustion, qu'il doit y avoir production d'oxyde de carbone. M. de Marsilly le pense également, parce que certains ouvriers échappés à un coup de feu avaient perdu la mémoire.

Quant à l'état de l'atmosphère le plus propre à faciliter l'inflammation des poussières, un temps. sec .et froid doit être considéré comme le plus' dangereux, car l'air absorbera alors d'autant plus facilement l'humidité de la mine, et rendra par là les poussières plus mobiles et plus aptes à s'enflammer. Trois accidents arrivés du 4 au 6 décembre 1875 dans le pays de Galles ont coïncidé avec un minimum de température (1). On remarquera que ces conditions sont en quelque sorte opposées à celles qui sont les plus critiques pour le grisou, à. savoir la baisse barométrique accompagnée de la hausse du thermomètre.

ment précédent. En effet, les conditions de l'oxydation qui constitue la combustion artificielle dans une lampe ou de celle qui forme la respiration dans les poumons ne sont

Mode d'in flammation. - Quant à la cause déter-. minante de l'inflammation des poussières, on l'a attribuée

pas les mêmes. Les lampes peuvent encore brûler dans une atmosphère renfermant 2 o p. ioo d'acide carbonique

tirage des- coups de mines. Des ingénieurs éminents, tels que M. de Villaine, pensent que cette dernière cause notamment peut allumer directement les poussières sans la

au milieu de laquelle les fonctions organiques ne sont plus capables d'éliminer ,du sang le gaz dont il est chargé. Il serait certainement intéressant que l'urgence des dispositions à prendre dans un sauvetage pût néanmoins permettre d'effectuer des prises de gaz qui seraient analysées ultérieurement pour élucider cette question. Ces recherches

33.

le plus souvent à la flamme des lampes, ou surtout au

présence du grisou (2). M. Vital a formulé les mêmes conclusions à la suite d'une série d'expériences intéressantes (3) instituées de manière à imiter les conditions d'un coup de mine. La présence d'un excès de carbone libre dans la poudre lui a paru faciliter l'inflammation

auraient d'autant plus d'intérêt, qu'on observe aussi des (t) GALLOWAY : De l'influence de la poussière de houille, traduit

par M. Chausselle (Bulletin de la Société de l'industrie minérale, (i) Compte rendu mensuel, etc., août 1877, page 4.

(2) Docteur BIEMBAULT : Compte rendu de l'Académie des sciences, tome LXXXII, page 831.

2' série, tome VI).

(2) Compte rendu mensuel, septembre 1877, page 5. (5) Annales des mines, 7e série, tome VII, page 195.