Annales des Mines (1880, série 7, volume 18) [Image 120]

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ÉTUDE DES MOYENS PROPRES A PRÉVENIR

une étude météorologique fort soignée, sur ce qu'une baisse

de un centimètre et demi de mercure est tout à fait inadmissible et lui paraît au moins dix fois trop forte, ce qui obligerait déjà à réduire au dixième tous les résultats. De plus, le gaz qui sort est loin d'être du grisou pur, la proportion

peut en être fort atténuée. Dans tous les cas, la zone qui exécute des mouvements de sortie et de rentrée est surtout superficielle, plus mitigée par suite dans sa teneur que les parties profondes des régions soustraites à la circulation régulière. Par contre, M. Tournaire fait remarquer que, lors même que des calculs étendus à tout le volume d'une mine n'indiqueraient qu'une viciation en apparence insignifiante, il pourrait cependant en découler un grand danger, en ce que cette proportion serait toujours loin d'être rigoureusement uniforme, qu'elle pourrait être exceptionnellement marquée sur certains points et qu'il suffit d'un endroit dangereux pour faire planer le péril sur la mine entière. Ajoutons qu'indépendamment de l'influence atmosphérique, diverses causes peuvent contribuer à mettre subitement en mouvement les masses gazeuses ; par exemple, la chute brusque d'une certaine quantité d'eau dans un puits, suivant l'exemple rapporté pour Bessèges par M. l'ingénieur des mines Parran (1), et surtout celle du toit sur une étendue notable. C'est ainsi qu'on a vu à Mount-Osborne, près de Barnsley, un éboulement effectué sur un espace de 55 mètres sur 45 mètres déplacer d'un seul coup 45. 000 pieds cubes d'air (2). Il ne faut pas non plus omettre de mentionner ici ces dé-

pôts redoutables qui se forment dans les excavations du toit appelées cloches, si on n'apporte pas à les faire dispa) Bulletin de la Société de l'industrie minérale, ire série, t. V, page 55, (2) Transactions of the North, etc., tome xvti, page 85.

LES EXPLOSIONS DU GRISOU.

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raître un soin qui doit du reste être réglementaire. Nous avons vu que ces masses d'air, placées à l'état statique en dehors du courant général, se stratifient dans toute leur hauteur. Il existe donc, à un niveau dangereux, la proportion du maximum de la tendance explosive. La dilatation résultant de la diminution de pression abaissera ce niveau, et de la région où les imprudences l'eussent difficilement atteint, pourra le faire pénétrer dans une partie plus accessible et parcourue par les lampes.

es. Étude expérimentale.- Mais les raisonnements à priori ne sauraient suffire en pareille matière, et il est indispensable de ne conclure définitivement que d'après des faits observés. La méthode qui permet d'éclaircir une pareille

question doit, du reste, être instituée avec un grand soin, car bien des causes d'erreur pourraient masquer les résultats.

Ce serait une première faute de ne consulter absolument que des registres d'accidents comme seul document. En effet, l'accident, qui suppose à la vérité l'invasion du grisou, exige en outre une circonstance quelconque, que tout tend à écarter le plus possible, et qui aura fortuitement déterminé l'inflammation. Le hasard aurait donc une grande

part dans un tel relevé. En outre, quelques-uns de ces registres ne mentionnent que des accidents ayant occasionné mort d'homme ou au moins des blessures, ce qui est une circonstance étrangère au fond même du point en litige. Enfin, le temps des chômages accidentels ou périodiques, en retirant la presque totalité du personnel, supprime les chances d'inflammation. On doit préférer de beaucoup les documents suivants. En premier lieu, les registres barométriques, dont le Goal Mines regulation Act a prescrit dans les houillères anglaises la tenue régulière, ou ceux d'un observatoire météorologique situé bien à la portée du .district minier. L'emploi du baromètre enregistreur de Redier peut fournir des renseignements encore plus complets,