Annales des Mines (1880, série 7, volume 18) [Image 52]

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SOURCES MINÉRALES DES DÉPARTEMENTS

DE SEINE-ET-OISE, DE SEINE-ET-MARNE ET DU LOIRET. 103

souterraine qui vient affleurer le long du bord occidental du lac.

NOTICE SUR LES SOURCES MINÉRALES DES DÉPARTEMENTS

DE SEINE-ET-OISE, DE SEINE-ET-MARNE ET DU LOIRET Par M. ED. SAUVAGE, ingénieur des mines

(*).

Les terrains tertiaires et quaternaires des environs de Paris sont riches en sources minérales, dont l'étude est intéressante. Nous nous occuperons ici de celles qui sont comprises dans le sous-arrondissement minéralogique de Versailles (départements de Seine-et-Oise, de Seine-etMarne, du Loiret et d'Eure-et-Loir, ce dernier ne renfermant aucune de ces sources). En première ligne est le groupe très-important des sources sulfureuses d'Enghien. A côté des eaux d'Enghien, il convient de placer une série d'eaux sulfureuses plus ou moins riches, qui existent en divers points des départements de Seine-et-Oise et de Seine-et-Marne, exploitées ou non, comme à Saint-Gratien, à Thieux, et à Livry-Sévigné. Il existe des eaux ferrugineuses à Provins, à Segrais (Loiret) et en diverses autres localités.

Enfin les eaux de Forges (Seine-et-Oise), quoique d'une pureté à peu près absolue, sont classées administrativement parmi les eaux minérales. J'examinerai successivement ces divers groupes de sources. Eaux d'Enghien.

Les eaux sulfureuses d'Enghien constituent une nappe (*) Cette notice est extraite d'un travail demandé par l'Administration des travaux publics. J'ai mis à contribution, pour la rédiger, les archives du bureau des mines du sous-arrondissement minéralogique de Versailles, et fait des emprunts importants à des rapports de MM. de iiennezel, Duchatioy et Michel Lévy.

Le niveau statique de cette nappe paraît voisin de la cote 39-,4o au-dessus du niveau de la mer. Elle se relève vers le nord, suivant en cela le relief du terrain. Les eaux sulfureuses paraissent en général au contact du calcaire lacustre de Saint-Ouen, trouvé en place dans la plupart des sondages, et d'une couche, d'épaisseur variable, de marnes et de sables remaniés. Ces terrains remaniés paraissent provenir de la démolition, par les eaux, des coteaux voisins, où affleurent les masses de gypse, les marnes vertes, les sables de Fontainebleau, et les argiles à meulière supérieures, surmontées d'une couche de limon des plateaux.

Il est à remarquer que le lac d'Enghien constitue un point particulièrement bas géologiquement dans le bassin parisien : la cote d'altitude du calcaire de Saint-Ouen y est notablement inférieure à ce qu'elle est partout ailleurs dans les environs. Le lac occupe ainsi le fond d'une sorte d'entonnoir bien marqué : c'est ce qui explique la présence de tous les terrains remaniés dont je viens de parler. Que cette circonstance géologique ait affaire ou non avec la présence

des sources minérales, il m'a paru intéressant de la signaler.

Voici la théorie la plus généralement adoptée de la formation des eaux sulfureuses du bassin parisien Les marnes quaternaires d'Enghien contiennent beaucoup de sulfate de chaux, et des amas de matières organiques d'origine végétale, irrégulièrement disséminés. L'ac-

tion réductrice de ces matières organiques sur le sulfate de chaux, et la décomposition partielle du sulfure de calcium ainsi produit, expliquent la formation de la nappe d'eau sulfureuse. On peut être étonné de l'abondance des eaux minérales ainsi formées : on s'en rend compte en étudiant les autres