Annales des Mines (1880, série 7, volume 17) [Image 200]

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HISTOIRE DES SOURCES.

TRAVAUX EXÉCUTÉS A BOURBONNE-LES-BAINS.

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celui d'Indesina, puis il a subi progressivement la même altération qu'en d'autres localités. La transformation des B en V trouve, à Bourbonne même, un exemple inverse dam le nom de rue Vellone, attribué à une portion de voie romaine qui traverse la ville, en remplaçant certainement l'ancienne appellation de Bellone. L'altération définitive de Vervona a été fort rapide, car

Auprès de ces sources, ou sur leur emplacement même, des piscines avaient été organisées sous les dénominations de bains des Pauvres, bain du Seigneur et bain Patrice, et accompagnées de quelques édifices de peu d'importance pour abriter les baigneurs. Mais ces diverses constructions

on rencontre en l'an 1 000 la forme Borbonia, en l'an 1126,

d'elles avait été créée. Les sources de Bourbonne n'étaient pas seulement em-

elle est devenue Borbona, enfin en 1255 on arrive déjà à l'orthographe actuelle. En résumé, le nom de Bourbonne a une origine fort ancienne, et signifie exactement source d'eau bouillante. D'après ce que nous venons de dire, il est probable que l'usage des eaux de Bourbonne fut repris au commencement du vil' siècle, époque de la fondation du château de Vernona. Vers l'an Loo°, un hôpital fut créé par des moines

pour le traitement des pauvres malades, et il n'est pas douteux que les vertus éprouvées des eaux de Bourbonne aient été la cause principale du choix de cette localité pour un établissement de bienfaisance. Un second hôpital plus important lut bâti en 13o4 par les moines de Saint-Antoine de Besançon, et doté par les seigneurs de Choiseul. Il subsista jusqu'en 1700. Pour utiliser les sources, il fallut nécessairement leur creuser quelques bassins, et leur donner un écoulement ce travail dut être exécuté dès les premiers temps du réemploi des eaux, et divisé en trois parties, comme il l'est resté jusqu'à ces derniers temps. La première correspondait au puisard romain, qui portait aussi le nom de source Saint-Antoine, sans doute en souvenir du porc auquel on en attribuait la découverte. La seconde était appelée Matrelle comme la mère de toutes les autres, ou Massaille, noms qu'elle a changés plus tard pour celui de Fontaine-Chaude. Enfin la troisième, située plus à l'est, était désignée sous le nom de Source-Patrice.

ne sont décrites que dans les ouvrages de la fin du xvie siècle, et on ne peut savoir à quel moment chacune

ployées au traitement de certaines maladies : on en tirait encore parti pour fabriquer le sel par évaporation, comme on avait dû le faire aux temps préhistoriques. Voici les quatre pièces qui peuvent nous en donner la preuve ; nous ne faisons qu'en extraire les faits intéressants : on les retrouverait au besoin dans l'ouvrage de M. Bougard (*). Des lettres patentes de 1524 constatent l'acquisition par le roi de France Charles IV, au profit de la couronne, de la moitié de tout ce que le sire Renard de Choiseul avait, pou-

vait et devait avoir en la ville de Bourbonne et appartenances, notamment « la moitié de la revenue des bains et eau salée de Bourbonne ». Le procès-verbal d'estimation, dressé la même année par le bailli de Chaumont, par ordre du roi, en conséquence de l'achat précité, fixe à (i 6 livres la rente payée par l'eau salée et les bains ». Plus

tard, dans sa charte de 1538, le roi Philippe de Valois, recevant l'hommage de Guillaume de Vergy, définit les droits de la couronne de Bourbonne, en y citant « Sel, bains, » etc.

Cette dernière pièce prêterait évidemment à confusion, car il serait difficile de discerner s'il s'agissait des droits particuliers sur le sel fabriqué à Bourbonne, ou seulement des droits généraux de gabelle. Mais les deux autres nous paraissent plus concluantes : la distinction formelle établie (*) Pages 36, 38, 46 et 180.