Annales des Mines (1879, série 7, volume 16) [Image 308]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

6oo

JEAN REYNAUD.

l'influence de la répercussion d'une énergie souterraine et d'un refroidissement séculaire, il rechercha les lois générales de la géographie, qui, soumise jusque dans ses der-

niers détails à la science géométrique, offre, dit-il, des problèmes de même nature que ceux de l'astronomie. Pendant un loisir forcé de quelques semaines que lui avait valu un trait de courageuse sincérité, il écrivit une Histoire élémentaire des minéraux usuels, afin de faire contempler « en quelle admirable source de biens de toute espèce la terre se transforme sous l'influence du génie de l'homme)). Publié d'abord sans nom d'auteur, ce modeste volume attire encore, au bout d'un demi-siècle, de nombreux lecteurs. C'est un petit chef-d'oeuvre d'exposition,

DISCOURS DE M. L'INSPECTEUR GÉNÉRAL DAUBRÉE.

601

objets et qui jette un reflet de l'infini jusque dans les plus basses conditions des choses finies. » Ainsi, par l'universalité des oeuvres auxquelles il s'adresse, en même temps que par la diversité des mérites qu'il est appelé à récompenser, le prix Jean Reynaud répond à la fois à la vaste intelligence et aux grandes aspirations que son nom ne cessera de rappeler. Quand nous relisions les pages, pleines d'éloquence et de poésie, de Terre et Ciel, où était tracé, il y a vingt-cinq ans, un magnifique tableau du monde physique, nons ne pouvions

nous empêcher de penser à la vive satisfaction avec laquelle Jean Reynaud aurait accueilli les découvertes qui, depuis lors, ont confirmé et fortifié les rapprochements aux-

et, quelque aride que le sujet puisse paraître, on y rencontre à chaque instant, à propos des corps bruts, des aperçus d'un haut intérêt.

quels il se plaisait. D'une part, l'analyse spectrale est parvenue à surprendre dans le Soleil, et jusque dans les étoiles, les indices d'élé-

Toujours dominé par le désir d'être utile, Jean Reynaud a maintes fois employé le même talent pour rendre acces-

ments matériels semblables à ceux qui abondent dans notre planète. D'autre part, une ressemblance, bien plus

sibles à tous, dans une Revue justement populaire, des notions très diverses de physique et d'histoire natu-

intime encore qu'on n'aurait osé le croire, trouve sa démons-

relle. En supposant que les courts instants qui me sont comptés

tration tangible dans ces nombreux débris errants qui, venant échouer sur notre planète, nous apportent des échantillons des astres dont ils sont détachés. Non-seule-

me le permissent, je ne pourrais qu'affaiblir l'appréciation émue qui a été faite de Jean Reynaud par plusieurs de nos confrères (*), qui s'honorent d'avoir été ses amis, ses ad-

ment les météorites n'ont fourni aux investigations les plus approfondies ancun corps simple qui nous soit étranger, mais aussi, parmi les combinaisons minérales qui consti-

mirateurs et presque :ses disciples. Ils sont unanimes à reconnaître la puissance entraînante de sa parole, la vigueur de ses conceptions synthétiques, en même temps que le charme de son caractère. « On trouve chez lui, dit M. Henri Martin, un esprit vraiment encyclopédique, une surabondance de vues, la belle faculté de s'intéresser et d'intéresser à tout, une fermeté de sens moral inébran-

tuent ces débris célestes, la plupart sont absolument les

lable, et une lumière de l'idéal qui transfigure les vulgaires ,(*) MM. Henri Martin, Legouvé, Charton.

mêmes, dans leur forme cristalline comme dans leur nature chimique, que celles qui appartiennent à certaines masses terrestres ; ou, lorsqu'elles en diffèrent, il est facile, par une opération chimique des plus simples, de les réduire à l'identité.

De telles affinités achèvent de nous prouver que les astres lointains, dont ces fragments nous fournissent des témoignages, ont passé par les mêmes évolutions que celles qu'a subies notre planète, et que nous entrevoyons