Annales des Mines (1879, série 7, volume 16) [Image 276]

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SOURCES MINÉRALES DE 'VICHY

ET DES ENVIRONS,

observe dans la roche calcaire des cavités ou soufflures, aplaties suivant l'épaisseur des feuillets et parfois allon-

Dans un mémoire publié à la suite d'observations faites pendant l'été de 1850 (*), Murchison repousse absolument cette dernière hypothèse. « Personne, dit-il, ne peut examiner ces strates verticales d'aragonite, sans être convaincu qu'elles ont été formées primitivement dans une position plus ou moins horizontale. Si les eaux qui les ont déposées étaient tombées en cascade, jamais elles n'auraient pu former une pareille série de lits verticaux et parallèles... et il n'y a dans la nature aucune force capable de déposer des sédiments en couches verticales, au moment de leur formation, sur une longueur de 250 pas. » Murchison attribue les faits observés à l'existence d'une faille : les couches de travertin se seraient rompues et un lambeau de rocher serait tombé dans la fissure béante. Les hypothèses que nous venons de résumer touchant l'origine du rocher des Célestins nous paraissent inadmis-

gées dans le sens vertical, comme en produiraient des bulles de gaz en se dégageant d'une matière pâteuse. A côté et de part et d'autre du rocher que nous venons

de décrire, il existe d'autres masses calcaires, à texture concrétionnée, non cristalline, souvent compacte, dont les couches successives, quand on les distingue, sont tantôt contournées, tantôt planes, mais inclinées en divers sens, parfois horizontales. Tels sont les dépôts de travertin que l'on peut voir aux points T, U, V, X (Pl. IX, fig. ) ; tel est encore celui qui, d'après Boulanger (*) , a été recoupé par l'ancien

puits Z du couvent des Célestins et qui forme une masse de,8 à io mètres d'épaisseur en couches presque horizontales et reposant sur les marnes lacustres. La singulière formation de travertin des Célestins a été signalée par Lyell et Murchison dans leurs Princip les of Geology (t. IV, p. 4oi.). Viquesn el dans son Mémoire sur les environs de Vichy

,

mettant surtout en relief la coupe observée dans le puits de l'ancien convent des Célestins, a émis l'opinion que le rocher principal appartenait primitivement à une couche horizontale, dont un énorme fragment, détaché par l'action érosive de l'Allier sur les marnes sous-jacentes, se serait rompu et aurait basculé. Boulanger, dans sa Statistique géologique et minéralogique du département de l'Allier (p. 256) a adopté la même hypothèse. M. Pigeon, dans un rapport de service, a admis qu'une large nappe d'eau minérale, formant chute au bord d'une falaise rectiligne, avait pu déposer sur place le travertin en feuillets verticaux.

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sibles.

Si ce n'était qu'un immense bloc de travertin échoué au bord de l'ancien lit de l'Allier, comment s'expliquerait-on l'existence des nombreuses sources qui cheminent entre ses feuillets ? Par où les eaux minérales s'introduiraient-elles

dans cette ruine? Comment concevrait-on. la pureté, la richesse en gaz, la force ascensionnelle des sources des Célestins?

Nous avons, d'ailleurs, observé un fait dont aucune des trois hypothèses ci-dessus ne saurait rendre compte près de l'angle Sud-Ouest de l'ancien bâtiment des Célestins, au point I (PI. IX, fig. 2), on voit une fente verticale de o",40 d'épaisseur, qui traverse le rocher presque normalement à sa direction et qui est remplie par des feuillets (*) Bulletin de la Société géologique, t. XIV, 1842-43. p. Ie.

(*) Statist.:que géologique et minéralogique de l'Allier, p. 256. (**) Bull. ae la Soc. géol., 1842-43, 1." série, t. xlV, p. di5.

(.*) On the Origin of the minerai Springs of Vichy (Quarterly Journal of the Geological Society of London, février 1854 vol. VII).