Annales des Mines (1879, série 7, volume 16) [Image 108]

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PROGRÈS RÉCENTS DE L'EXPLOITATION DES MINES

ces appareils; l'ammoniaque les attaque. On est obligé de les rem-

placer par le fer. M. Frot, ingénieur de la marine, a apporté une grande persévérance dans les essais destinés à rendre industrielle cette appli-

cation de l'ammoniaque (1). M. Émile Zamin a également construit un moteur-ammoniaque à la Nouvelle-Orléans (2). M. Pallard (5) a proposé l'emploi de réservoirs mobiles à ammo-

niaque comprimée. Ils sont chargés dans une usine spéciale et transportés dans les ateliers pour lesquels, par exemple, on redoute

le voisinage du feu, ce qui en exclut les machines à vapeur et à gaz. L'ammoniaque, en se détendant, fait marcher un récepteur et se liquéfie dans un condenseur, mobile comme le récipient luimême. Ce qui est particulièrement original dans le projet de M. Pallard, consiste à opposer l'un à l'autre le refroidissement du récipient et l'échauffement du condenseur, qui, séparés l'un de l'autre, nécessiteraient deux courants extérieurs d'eau chaude et d'eau froide. Il enferme pour cela le récipient dans le condenseur, en calculant avec précision les éléments du système pour obtenir une compensation exacte dans cet antagonisme. Cet ensemble d'idées est certainement fort ingénieux, mais bien compliqué. De plus, on ne peut s'empêcher de faire remarquer que l'air com-

primé fournirait un agent susceptible d'une utilisation absolument identique et plus simple à réaliser. L'ammoniaque figure également comme moteur dans une pompe à impulsion directe de M. Théophile-Foucault (à), analogue aux pompes à. impulsion de vapeur (page too). Seulement une couche d'huile de pétrole sépare ici l'ammoniaque motrice de l'eau à élever, en raison de sa solubilité, qui sans cela l'y ferait disparaître. Citons encore la proposition de MM. Tommasi et Francisque Michel (5) pour le transport souterrain des dépêches uans des tubes au moyen de convois actionnés par l'ammoniaque générée ou condensée sur l'une et l'autre face alternativement, par des appareils placés aux extrémités. Je mentionnerai de même les locomotives de tram ways à l'amFrot, Bulletin de l'Association scientifique de France, mars 1870, page 170. Tellier, Les mondes, tome XXV, page 525. Comptes rendus de l'Académie des sciences, tome LX, page 59.

Haton de la Goupillière, Bulletin des sociétés savantes, séance du utilité des sociétés savantes du Io juillet 1878. (41 Les mondes, tome XLI, page 389. (5) Ibidem, tome XXXI, page 542.

ET DE LA CONSTRUCTION DES MACHINES A VAPEUR.

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moniaque chauffées à l'eau chaude, que le docteur Zamin a fait fonctionner à la Nouvelle-Orléans (i).

Dans les fulmi-moteurs, on Machines ê poudre explosive. l'énorme expansion de la poudre à canon utilise dynamiquement réduite en gaz par l'action chimique de ses éléments. La première idée de ces appareils a été émise par Huyghens en 1678 et Flautefeuille en 1680. Papin, en i688, en a fait fonctionner une (2). M. Gros a construit en 1865 une machine-revolver dont les canons détonaient successivement dans un générateur à 15 atmosphères, d'où le gaz était admis dans un récepteur à tiroir. Des mécanismes automatiques faisaient tourner le revolver, enlevaient les vieilles cartouches et en introduisaient de nouvelles. M. Thomas Shaw, ingénieur américain, a eu l'idée d'opérer à l'aide de la poudre l'enfoncement des pilotis (5). Une cartouche est

déposée sur la tête du pieu. Le mouton l'écrase, et l'explosion force l'enfoncement, en même temps qu'elle relève le mouton jusqu'au déclic qui le retient suspendu.

M. Renoir avait même mis en avant le projet d'une machine à nitroglycérine, et Mm. Bureau de Villeneuve et Penaud l'emploi de divers explosifs azotés, en mettant en présence les éléments primitifs pour que le composé se forme et détone du même coup (II). Ce nt sont du reste là que des idées hasardées sans sanction pratique, et introduites par la préoccupation exclusive de trouver pour l'aérostation un moteur particulièrement léger à égalité de puissance.

De ce dernier exemple d'une expansion Machines à huile. absolument excessive, je rapprocherai celui de la dilatation aussi réduite que possible, à savoir celle d'un liquide. On conçoit que, malgré la petitesse de cette dilatation, on puisse avoir la prétention de recueillir un certain travail en raison des énormes forces mises ainsi en jeu. Les liquides sont, en effet, à peu près incompressibles, à moins que l'on n'exerce sur leur surface des forces démesurées.

(t) Annales des ponts et chaussées, 5' série, tome XVI, page 261. Proceedings of the Institute of civil Engineers, tome LVI. (2) Armengaud jeune : Conférence sur les machMes à gaz, 1879, Imprimerie nationale.

(3.) Gazette des ingénieurs de Hanovre. Les Inondes, tome XXXVII, page 309. Aéronaute, octobre 1874, page 301.

lomE XVI, t8;1).

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