Annales des Mines (1879, série 7, volume 16) [Image 88]

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PROGRÈS RÉCENTS DE L'EXPLOITATION DES MINES

prendra plus d'importance encore dans l'avenir, avec les grandes profondeurs qui conduiront à des rayons d'enroulement excessifs pour conserver une vitesse modérée du piston, tout en évitant une trop longue durée de l'enlevage.

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Moteurs d'épuisement. Les vieilles machines du type de Cornouailles ont fait depuis longtemps leurs preuves et continuent à former la solution la plus ordinaire pour l'épuisement des mines. La plupart du temps elles sont à un seul cylindre ; d'autres fois, comme dans la magnifique pompe Saint-Laurent du Creusot, à ce premier cylindre on en fait succéder un second pour la détente, suivant un modèle qui avait été imaginé à la Vieille-Montagne, il y a une vingtaine d'années, dans le but d'uniformiser l'influence de la détente sans de trop grandes masses en mouvement. Il y a là en effet, sous ce rapport, un fait général qui a beaucoup contribué à détériorer les beaux rendements, autrefois classiques pour ces appareils, malgré les progrès incontestables qui ont été apportés dans le détail de la construction. Avec une longue détente, il faut une attaque énergique pour créer en peu de temps une force vive à l'aide de laquelle le système achèvera sa course, lorsque la détente aura affaibli l'action motrice jusqu'à la rendre inférieure à la résistance à vaincre. Or, avec les profondeurs toujours croissantes, l'importance des masses en mouvement rend de plus en plus dangereuses les grandes vitesses, et celles-ci sont nécessaires pour avoir de la force vive. La vitesse maximum tendant à se restreindre, il a donc fallu en même temps raccourcir la détente, et par suite marcher dans des conditions moins économiques. M. Wilner a introduit dans les machines d'épuisement à traction directe un perfectionnement (i) qui consiste dans l'introduction d'un levier coudé relié par deux bielles à la tige du piston moteur d'une part, et à la maîtresse tige. Il arrive ainsi à faire varier pendant la course les moments de l'action de la vapeur et du poids, de manière à pouvoir employer des détentes prolongées en réduisant les masses en mouvement et conservant un cylindre unique. La machine à double effet a évidemment sur le moteur à simple effet l'avantage qu'en répartissant le travail de la vapeur sur les deux courses on peut réduire à moitié le volume du cylindre. On (i) Aguillon : Progrès accomplis dans l'art des mines depuis l'Exposition de

1867 (Bulletin de la Société de l'industrie minérale, 20 série, tome VIII, page 63). Leverrier, Compte rendu mensuel, cr avril 1876, page 15,

ET DE LA CONSTRUCTION DES MACHINES A VAPEUR.

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peut également pousser plus loin la détente, à cause de la présence du volant dans la machine de rotation, qui corrige les variations de la force. De plus, le principe de la rotation limite géométriquement la course, tandis que dans les machines à cataracte cette excursion n'est pas déterminée d'une manière nécessaire, et l'on peut avoir des chocs sur les arrêts, pour le moindre défaut d'équilibre

entre les forces mises en jeu. On gagne ainsi sous le rapport de l'espace nuisible. Mais, en revanche, il est juste de dire que l'intermittence des appareils à cataracte assure bien mieux la retombée des soupapes et l'extinction des vibrations. Un premier mode d'emploi de ces machines consiste à les installer au fond. C'est ce qu'on voit, par exemple, dans les mines de Blanzy (1), Roche et Firminy, Méons, la Chazotte, Bességes, Fohns-

dorff (2), Ontario (Utah) (3), Érin près Dusseldorff (4), etc. Cette dernière est double et accouplée à deux machines hydrauliques jumelles.

L'installation intérieure présente des avantages assez séduisants. Elle encombre beaucoup moins le puits, qui ne renferme plus alors que les colonnes élévatoires. Elle supprime les maîtresses-tiges, l'attirail, le matériel des répétitions, car on élève alors l'eau d'une seule volée jusqu'au jour. De là une économie de premier établis-

sement, une diminution des chances d'avaries, une plus grande facilité pour les réparations. Mais, par contre, les machines intérieures prêtent à des objections très-sérieuses. Elles peuvent être maîtrisées et noyées par une crue, qui éteint les feux et laisse l'exploitation absolument désarmée. Il faut tout au moins, pour obvier à cette éventualité, disposer de très-grands réservoirs de retenue

pour un moment de crue, ce qui n'est pas réalisable dans toute mine. La roche peut également manquer de la solidité nécessaire pour l'établissement de grandes chambres de machines. En outre, tout le monde est d'accord sur l'inconvénient des chaudières intérieures, et si, pour les éviter, on veut envoyer la vapeur du jour par le puits des pompes, on tombe dans d'autres inconvénients.

Pour ces motifs, on accorde de plus en plus d'attention aux types de machines à double effet installées à la surface, création relativement récente. Le problème consistait à n'exercer sur les (i) A Sainte-Marie : hauteur 356 mètres, diamètre: orn,20, débit: 4.000 mèt. cubes en zo heures. (Aguillon : Progrès accomplis dans l'art des mines(Bulletin

de la Société de l'industrie minérale, e série, tome VIII, page 65). Berg und liüttenmannisches Jahrbuch von Leoben, tome XXIV, per r. Engineering, 1876, i°r volume, page 267. Ibidem, 2° volume, page 239.