Annales des Mines (1879, série 7, volume 16) [Image 86]

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PROGRÈS RÉCENTS DE L'EXPLOITATION DES MINES

les manoeuvrent à des instants absolument arbitraires et dégagés des relations mutuelles inévitables entre les diverses phases doue distribution par tiroir et excentrique. On peut obtenir ainsi des admissions indéfiniment courtes. Dans quelques cas on a combiné l'emploi des soupapes pour l'admission et des tiroirs pour l'échappement, qui ne comporte pas les mêmes exigences. Les soupapes offrent également d'assez grandes facilités pour équilibrer la pression de la vapeur, et leurs mécanismes de changement de marche présentent beaucoup de docilité. Les réparations sont moins conteuses et plus rapides qu'avec les tiroirs ; leur visite est très-facile. Tout le monde connaît la solution donnée par M. Audemar à l'aide

de sa double came et d'une soupape spéciale de détente (1). Je rappelle également celle qui porte le nom de distribution de Krafft, ou détente de Seraing, qui emploie la came et quatre soupapes de

distribution mues directement par elle. Je citerai aussi, sans entreprendre de la décrire, à cause de sa complication, la détente Brown qui figurait à l'Exposition (s). On y a également remarqué la machine d'extraction de M. de Quillacq (du type Sulzer de Winterthur) analogue à celles qu'il a déjà construites pour les mines d'Aniche, et celle que M. Sulzer lui-même exposait dans la section suisse (5).

MM. Biétrix et Considère se sont également acquis unejuste réputation dans la réalisation des distributions à soupapes. Ils ont essayé dans les ateliers de la Challéassière un artifice qui ne doit être passé ici sous silence. L'un des inconvénients ordinaires glas soupapes consiste en ce que leur tige doit nécessairement traverser la paroi pour subir au dehors l'action du mécanisme et manoeuvrer la soupape dans l'intérieur de la boîte à vapeur. Si la garniture est serrée, on s'expose à des frottements qui nuisent à la rapidité de la manoeuvre. Si elle est lâche, elle donne lieu à des fuites. M. Considère y remédie de la manière suivante. La paroi

présente une sorte d'ajutage rentrant très court sur lequel est assemblé un tube de caoutchouc, qui paraît du reste placé là dans des conditions assez précaires. Il est à son extrémité assemblé au bout d'arbre qui traverse le tuyau suivant son axe. A l'extérieur, le mécanisme imprime à cet arbre des oscillations sur lui-même, et Bulletin de la Société de l'industrie minérale, ire série, mars 187o, el 2, série, tome II, page 569. Ledoux, Compte rendu mensuel, septembre 1878, page 185. Engineering, 14 juillet 1878, page 475. rée Engineer, 24 mai 1878, page 365. The Engineer, 30 août 1878, page 154..

ET DE LA CONSTRUCTION DES MACHINES A VAPEUR.

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à l'intérieur il agit sur la soupape pour la soulever ou la laisser redescendre. On voit qu'il ne subit nulle part aucun frottement. Le caoutchouc seul est appelé à se tordre un peu dans le mouvement, et la fermeture est absolument hermétique.

Moteurs d'extraction. L'un des progrès les plus importants qui aient été introduits récemment dans les machines d'extraction est l'emploi de la détente. Cette question n'a pas encore dit son dernier mot. Il arrive souvent que l'appareil de détente existe, et qu'en fait le mécanicien le cale pour éviter une complication et marche en pleine pression. Certains progrès sont donc sans doute encore nécessaires; mais la question d'économie, qui prend une

importance croissante, maintiendra ce sujet à l'ordre du jour. Une étude toute récente de M. Griot ) vient de formuler à cet égard des chiffres intéressants. Il ne faut pas se dissimuler d'ailleurs, sous le rapport de l'économie, que la quantité de vapeur perdue par les manoeuvres sur les clichages a une importance du même ordre et à laquelle on n'accorde pas d'ordinaire beaucoup

d'attention. il n'y a pas, du reste, que l'économie qui puisse motiver l'introduction de la détente. Il arrive souvent qu'une machine est établie avec un excès de force, soit afin de pouvoir au besoin enlever sans équilibre en cas de rupture du câble, soit en vue d'un réavale-

ment ultérieur du puits. Dès lors il faut, pour le service courant, ou bien baisser la pression dans le générateur, ce qui constituerait une marche anti-économique, ou bien recourir à la détente. Dans tous les cas il est nécessaire de pouvoir rétablir la pleine pression aux recettes et aux envoyages intermédiaires, afin d'avoir la machine mieux en main pour les manoeuvres, et d'éviter que, l'un des cylindres se trouvant près du point mort, l'autre puisse avoir sa lumière bouchée par le recouvrement, ce qui exposerait à ne pouvoir démarrer. Quant à la réalisation pratique de la détente, on a le choix entre trois principes : la détente à la main, la détente au régulateur, et la détente automatique. On peut citer comme exemples de la première les appareils d'Audemar et de Krafft; ou encore l'emploi pur et simple de tiroirs suffisamment équilibrés, comme l'a fait M. Heusser au puits Sainte-Hortense de Lalle ; ou enfin la détente Rossigneux (s)

qui, du reste, peut aussi être rendue à volonté

(i) Compte rendu mensuel, avril 1879, page 84. On consultera également avec intérêt la note de M. Martin (Ibidem, juillet 1879, page 057). (2) Compte rendu mensuel, mars 0878, page 62.