Annales des Mines (1879, série 7, volume 16) [Image 54]

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PROGRÈS RÉCENTS DE L'EXPLOITATIN DES MINES

ordre donné à partir de la surface ne soit mal compris par les receveurs des divers accrochages, on leur retire la manoeuvre de leurs propres clichages, et l'on confie tous ces derniers, réunis par une tringle, à un aide du mécanicien du jour. Cet homme se trouve mieux placé pour saisir les ordres qui sont donnes, et voit en outre par lui-même ce qui se passe à l'orifice du puits. Sachant à quel étage les hommes qui descendent veulent s'arrêter, il efface tous les clichages intermédiaires tant que la cage ne les a pas franchis, et renverse son levier quand celle-ci est engagée dans la dernière travée. Il est du reste suffisamment averti du mouvement de cette cage par un modèle qui en présente la réduction à petite échelle. Un système spécial de clichages a été installé par M. Reumaux à la fosse n° 5 de Lens, sous le nom de taquets hydrauliques (1). Un piston est soulevé dans un corps de pompe par une pression inférieure lorsqu'on vient à ouvrir un robinet. Le clichage qu'il porte

à son sommet, renversé par un poids et effacé en dehors de la section du puits, rencontre un butoir qui le met en position. On ferme le robinet, et l'eau, qui est incompressible, forme un point d'appui irrésistible pour la cage descendante, qui vient se poser sur les clichages. On fait ainsi la manuvre de l'étage inférieur de la cage. Puis, ouvrant doucement le robinet, on laisse descendre le piston jusqu'à ce que la cage qu'il supporte, refoulant l'eau par son poids, amène son étage supérieur devant la recette pour permettre d'effectuer la seconde manoeuvre. Enfin, au signal donné, le mécanicien enlève.

Recette supérieure. Encore aujourd'hui les abords d'un grand nombre de puits restent sans garde-corps. Il est donc à propos de recommander l'usage des grilles mobiles que la cage enlève sur son toit, en sortant au jour, pour permettre les manoeuvres, et qu'elle dépose sur le bord du puits en redescendant pour en fermer le périmètre. On emploie de même pour barrer la galerie, dans

les recettes intérieures, une grille qui se trouve enlevée par une chaîne au moment où la cage appuie par un taquet sur l'autre extrémité de cette chaîne passée sur une poulie, pour venir se placer devant la bouche de la galerie. A Carmaux, on a disposé des taquets qui dans l'état normal se trouvent redressés, et empêchent les bennes de pouvoir, par une

fausse manuvre, être précipitées dans le puits. Quand la cage vient se poser sur le clichage, sa pression efface les taquets au (1) Compte rendu mensuel, janvier 1877, page 5.

ET DE LA CONSTRUCTION DES MACHINES A VAPEUR.

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niveau du rail, et les wagons peuvent alors librement entrer dans la cage et en sortir. La disposition des voies ferrées qui conduisent de l'orifice du puits aux culbuteurs dépend partout des conditions locales. On peut citer pour son élégance celle du El° 5 de Lens. Les voies situées devant les deux travées de la cage se bifurquent deux fois, de ma-

nière à conduire les huit berlines à huit culbuteurs disposés en ligne droite, avec huit tables sans fin placées pour le triage à un niveau inférieur et se déroulant suivant des lignes droites perpendiculaires à l'alignement des culbuteurs. Le verseur roulant de M. Marsaut figurait au Champ-de-Mars dans l'exposition de la compagnie houillère de Bességes. Il consiste en un grand cylindre contenant des rails placés à l'intérieur sui-. vant deux de ses génératrices, et des bandages disposés au dehors

suivant des sections droites. Les rails se trouvent en face d'une voie d'amenée, un wagonnet entre dans le cylindre et y reste fixé par une manette. Puis on déplace transversalement le cylindre à l'aide de ses bandages, qui roulent sur des rails perpendiculaires à ceux de la voie d'amenée. Ils engrènent jusqu'à un certain point avec eux au moyen de saillies et de crans qu'on y a ménagés de distance en distance pour assurer la précision de la position du déversement. Après un roulement égal à une demi-circonférence, le wagonnet se trouve renversé et se vide dans la trémie placée au-dessous. On roule alors le cylindre dans le même sens, d'une seconde demi-circonférence, et le wagonnet est remmené par une voie de retour. Le verseur Marsaut a 2',5o de long sur 1 mètre de diamètre. Il pèse, chargé, de 1.3oo à 1./mo kilog. On peut du

reste lui donner une longueur arbitraire, si au lieu d'un seul wa-

gonnet on veut pouvoir en engager plusieurs. Cet appareil a l'avantage de supprimer l'axe des culbuteurs ordinaires et son graissage, ainsi que le choc. Il peut être traversé par le wagon de part en part, de manière à permettre, si les circonstances locales s'y prêtent, que la circulation se fasse toujours dans le même sens pour éviter la confusion. Enfin il donne le moyen, avec un nombre moindre d'organes, de charger une trémie dans toute sa longueur, quelque grande qu'elle soit. Parfois, au lieu d'un culbutage sens dessus dessous, on emploie un basculement latéral du wagon jusqu'à une certaine inclinaison,

au moyen d'un appareil hydraulique, comme aux mines de Molières, de Bruay, de Nceux. A ce moment on déclanche la clavette de la paroi, qui s'ouvre et laisse couler le chargement. On a construit également à Graissessac un wagon de ce genre s'ouvrant