Annales des Mines (1879, série 7, volume 16) [Image 39]

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PROGRÈS RÉCENTS DE L'EXPLOITATION DES MINES

ET DE LA CONSTRUCTION DES MACHINES A VAPEUR.

et les rafraîchit périodiquement par la pose de nouveaux remblais, circonstance importante pour les gîtes susceptibles de s'échauffer et de s'enflammer. Le rabatage subsiste encore cependant dans un certain nombre de localités. Il peut du reste, comme la méthode horizontale, être appliqué de deux manières distinctes, en travers ou en direction.

à la poudre ordinaire, considérant la dynamite comme trop brisante pour ce cas particulier.

On rencontre le rabatage en travers à Bezenet, où il a été fort bien combiné dans les détails par M. Baure. Le rabotage en long se voit à Lalle en une seule tranche et sur de grandes hauteurs ; Brassac, en tranches superposées et en passant entre les nerfs; à Cransac (la Balance), en tranches horizontales successives prises chacune par une série de recoupes costeresses accolées et branchées sur des traverses ménagées de distance en distance, avec rabatage de chaque tranche à celle qui lui est inférieure. Ces travaux sont exécutés avec un grand ordre et constituent une trèsbelle méthode (i). Dans la mine de blende d'Ameberg (Suède), on vient de modifier

le rabatage en long, de manière à pouvoir tout sortir, au moyen d'une variante analogue à celle que j'ai décrite pour la méthode à gradins renversés de Przibram. Sur le massif rectangulaire de

remblai stérile qui est compris entre la voie de fond et deux remontées consécutives, on conduit un rabatage en direction qui recouvre ce massif d'une bande de minerai sur lequel sont montés les piqueurs à l'avancement pour abattre le front de taille en surplomb. Quand ce front s'est déplacé parallèlement à lui-même d'un montage à l'autre, on arrête le chantier, on vide cette couche de minerai par les deux fendues, on la remplace par une bande de remblai stérile descendu du dehors et qui exhausse d'autant le massif rectangulaire; puis on y monte pour pratiquer un nouveau rabatage sur une hauteur égale à la précédente.

II" Travaux a ciel ouvert. - L'introduction des nouveaux explosifs a contribué à donner plus d'ampleur encore à l'abatage dans certains grands découverts. A l'Erzberg de Styrie (Eisenerz), on abattait pendant quelques années le fer carbonaté en grandes masses au moyen de six trous de sonde disposés de 4 mètres

en 4 mètres sur 12 mètres de profondeur et e,25 de diamètre. On y chargeait 3o kilogrammes de dynamite avec une bourre d'argile et l'inflammation par l'électricité. Il paraît cependant qu'on revient (1) Bidache, Bulletin de la Socie'té de l'industrie minérale, 20 série, tome VII, page 35r.

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Dans les magnifiques travaux à ciel ouvert de la Vaysse (Aveyron), on a pratiqué parfois des galeries de fi mètres de profondeur au pied

de la falaise, en les reliant par des traverses parallèles au front, de manière à découper la roche en piliers de im,50. On y ménageait des fourneaux de mine enflammés par l'électricité au moyen d'une vingtaine environ (1).

Un travail de ce genre, exécuté dans les carrières à remblai de Petites-Rosselles, près de Styring, sur 6 mètres de profondeur de galerie, 15 mètres de front et une falaise de ma mètres de hauteur, a coûté la vie à M. l'ingénieur Boulanger et à un maître mineur, le i" août 1878. Ils s'étaient rapprochés, après le départ des coups de mine, pour juger du motif du retard apporté à l'éboulement, lorsque celui-ci se produisit et les ensevelit sous ses débris. Méthode hydraulique de Californie. - M. l'ingénieur des mines Sauvage a publié une étude très-intéressante sur l'exploitation par l'eau des placers de Californie (2). Cette méthode, qui a pris naissance en 1852, a reçu dans ces derniers temps un très-grand développement, et fait disparaître des collines entières. Les alluvions aurifères atteignent parfois jusqu'à 80 mètres d'épaisseur. On commence par barrer une vallée pour obtenir une retenue d'eau. Des canaux de 2 à 3 mètres de large la conduisent par une ligne de faible pente tracée sur le contre-fort des coteaux, et parfois

en traversant des vallées à l'aide d'aqueducs ou de siphons. Le siphon de Cherokee, par exemple, présente 4.5oo mètres de longueur,'0-,76 de diamètre, 299 et 255 mètres pour les altitudes de ses extrémités au-dessus de son point le plus bas. Il débite 63 mèt. cubes par minute. L'eau arrive dans un distributeur carré d'où partent des tuyaux

en tôle. Ils se terminent par des ajutages assemblés à l'aide de joints en cuir, ou mieux en métal, On dirige alors un jet sous pres-

sion vers le point où l'on veut déterminer une perforation. Le liquide sort du trou en bouillonnant et entraînant les matières. Un éboulement se produit bientôt. S'il le faut, on attaque par plusieurs jets convergents les points les plus résistants. En cas de nécessité, (i) On peut consulter sur l'état acluel de cette exploitation le Mémoire de M. Nesteroswsky sur les incendies (Bulletin de la Société de l'industrie minérale, 20 série, tome VII, page 843). (2) Annales des mines, 7° série, tome IX, page