Annales des Mines (1879, série 7, volume 16) [Image 38]

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PROGRÈS RÉCENTS DE L'EXPLOITATION DES MINES

parfois appliqué dans les parties les plus puissantes du gîte de pyrite de Sainbel. Dans une seconde variante plus répandue, on fractionne la largeur du gîte et on y pratique un système de petites recoupes contiguës en direction menées d'une traverse à une autre située à une certaine distance. C'est ce qui se pratique au Montceau-les-Mines (Saint-François, Sainte-Eugénie, Lucy), au Creusot, dans les parties tendres de la Béraudière, à Brassac, Aubin (le Montet), la Prugne (Allier), etc.

Méthode verticale. -La méthode verticale doit être spécialement réservée aux gîtes les plus inflammables. On y divise l'étage en lopins par des plans verticaux, conduits suivant des lignes de

plus grande pente et assez rapprochés pour que, dans un temps relativement court, on puisse, sans déterminer de mouvements importants dans les lopins adjacents, monter de la base de l'étage jusqu'au faîte avant le développement de l'incendie. Cette difficulté

est en effet parfois tout à fait capitale. Dans cette méthode, le remblai est mieux tassé que partout ailleurs, car les ouvriers le piétinent pendant toute la durée de l'ouvrage. En revanche, le charbon est très-brisé par la descente dans les cheminées verticales jusqu'à la voie de fond. La production est limitée et ne peut se développer que par l'installation d'un assez grand nombre de chantiers, car chacun d'eux est nécessairement très-rétréci. Des méthodes de ce genre ont existé autrefois à Bourran (Decazeville) et aux dressants de Fournier (la Grand' Combe). Elle a été introduite par M. Rouquairol à Firmy (Aveyron), et perfectionnée avec beaucoup de soin par M. Golrat, dont on pourra consulter l'intéressante description ( i). Certaines parties de Sainbel sont également prises en montant rapidement de tranche en tran-

che sur une projection horizontale très-restreinte.

Méthode du rabatage. - Il me reste à parler de la méthode du rabatage. On sait que cet ouvrage, qui suppose une couche notablement inclinée, consiste en principe en un système de deux galeries projetées horizontalement sur un même alignement, mais placées à des niveaux différents et reliées par un front de taille incliné et en surplomb. La galerie inférieure va sans cesse en se raccourcissant par le déplacement de l'avancement et du talus de remblai qui le suit. Elle sert au sortage du charbon. La galerie

ET DE LA CONSTRUCTION DES MACHINES A VAPEUR.

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supérieure qui amène le remblai va sans cesse en s'allongeant par la progression du chantier. La distance verticale qui sépare ces deux galeries pouvant être

plus notable que dans tous les autres modes de subdivision en tranches, on diminue ainsi le nombre des voies de roulage, ce qui est un des avantages de cette méthode. Cette hauteur cependant diminue avec la solidité du gîte. D'ailleurs, un charbon d'une certaine consistance peut seul être traité dans ce système, puisqu'il doit se tenir en surplomb. De plus, le chantier doit nécessairement rester étroit pour ce même motif, circonstance peu favorable au rendement des piqueurs. La proportion de gros a été comparée à Montrambert avec celle que fournit la méthode horizontale et s'est trouvée plus favorable avec le rabatage (1). Mais le combustible se salit beaucoup en roulant sur une grande hauteur le long des talus

de remblai. Cet inconvénient est surtout sensible quand des mises schisteuses se trouvent intercalées dans le charbon, car cette descente en commun contribue à mêler plus intimement les 'deux matières. Un bon remblai est indispensable dans cette méthode, sans quoi les bois employés, quand il est nécessaire, pour soutenir le front de taille, s'enfoncent sans résistance. Des terres humides ou gelées au dehors pour se dégeler après leur mise en place rendent ce travail impraticable. Ces inconvénients sont d'autant plus sensibles que dans aucune autre méthode on ne pose d'un seul coup le remblai sur une plus grande hauteur. En revanche, sa mise en place se fait par la seule gravité pour la presque totalité des matières, ce qui est une condition très-avantageuse. Il y a en outre indépendance entre les deux services, qui se font à des niveaux différents pour un même sous-étage.

En raison de ces divers inconvénients, cette méthode élégante et très-ingénieusement combinée a disparu de certaines mines où elle avait été appliquée. On l'a abandonnée à Montrambert (puits Marseille), où elle avait pris naissance (2), en raison d'un changement dans la dureté du charbon. Il en a été de même à Blanzy à la suite d'une discussion attentive, faite par M. Petitjean, des prix de revient comparatifs de cette méthode et de celle des tranches horizontales. Cette dernière, en raison de la moindre hauteur de ses chantiers, oblige à revenir plus souvent dans les mêmes parages ( t) 0,356 au lieu de 0,286 (Deviliaine, Notice sur les houillères de Illontram-

bert et la Béraudière, page 37. Saint-Étienne, 1878). ) Compte rendu mensuel, août 1877.

(2) Devillaine, Bulletin de la Société de l'industrie minérale, tr série,

tome IV, page 240.